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18 job 09



18 job 09
(taille reelle)
Job 9 - Voici qu’il passe près de moi, et je ne le vois pas ()
Alors Job prit la parole et dit :
Je sais bien qu’il en est ainsi : comment l’homme serait-il juste vis-à-vis de Dieu ?
S’il voulait contester avec lui, sur mille choses il ne pourrait répondre à une seule.
Dieu est sage en son cœur, et puissant en force qui lui a résisté, et est demeuré en paix ?
Il transporte les montagnes, sans qu’elles le sachent, il les renverse dans sa colère ;
Il secoue la terre sur sa base, et ses colonnes sont ébranlées.
Il commande au soleil, et le soleil ne se lève pas ; il met un sceau sur les étoiles.
Seul, il étend les cieux, il marche sur les hauteurs de la mer.
Il a créé la Grande Ourse, Orion, les Pléiades, et les régions du ciel austral.
Il fait des merveilles qu’on ne peut sonder, des prodiges qu’on ne saurait compter.
Voici qu’il passe près de moi, et je ne le vois pas il s’éloigne, sans que je l’aperçoive.
S’il ravit une proie, qui s’y opposera, qui lui dira : « Que fais-tu ? »
Dieu ! Rien ne fléchit sa colère : devant lui s’inclinent les légions d’orgueil.
Et moi je songerais à lui répondre, à choisir mes paroles pour discuter avec lui !
Aurais-je pour moi la justice, je ne répondrais pas. J’implorerais la clémence de mon juge.
Même s’il se rendait à mon appel, je ne croirais pas qu’il eût écouté ma voix :
lui qui me brise comme dans un tourbillon, et multiplie mes blessures sans motif ;
qui ne me laisse point respirer, et me rassasie d’amertume.
S’agit-il de force, voici qu’il est fort, s’agit-il de droit, il dit : « Qui m’assigne ? »
Serais-je irréprochable, ma bouche même me condamnerait ; serais-je innocent, elle me déclarerait pervers.
Innocent ! Je le suis ; je ne tiens pas à l’existence, et la vie m’est à charge.
Il m’importe après tout ; c’est pourquoi j’ai dit : « Il fait périr également le juste et l’impie. »
Si du moins le fléau tuait d’un seul coup ! Hélas ! Il se rit des épreuves de l’innocent !
La terre est livrée aux mains du méchant, Dieu voile la face de ses juges : si ce n’est pas lui, qui est-ce donc ?
Mes jours sont plus rapides qu’un courrier, ils fuient sans avoir vu le bonheur ;
ils passent comme la barque de jonc, comme l’aigle qui fond sur sa proie.
Si je dis : « Je veux oublier ma plainte, quitter mon air triste, prendre un air joyeux, »
je tremble pour toutes mes douleurs, je sais que tu ne me tiendras pas pour innocent.
Je serai jugé coupable : pourquoi prendre une peine inutile ?
Quand je me laverais dans la neige, quand je purifierais mes mains avec le bore,
tu me plongerais dans la fange, et mes vêtements m’auraient en horreur.
Dieu n’est pas un homme comme moi, pour que je lui réponde, pour que nous comparaissions ensemble en justice.
Il n’y a pas entre nous d’arbitre qui pose sa main sur nous deux.
Qu’il retire sa verge de dessus moi, que ses terreurs cessent de m’épouvanter :
alors je parlerai sans le craindre ; autrement, je ne suis point à moi-même.