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LA TOUR (de), le diseur de bonne aventure



LA TOUR (de), le diseur de bonne aventure
(taille reelle)
Georges de la TOUR - la diseuse de bonne aventure ()
La vieille gitane, qui fixe le visage du jeune homme, et non les lignes de sa main, se s'adonne pas à la chiromancie, qui relevait à l'époque de La Tour d'un occultisme savant, mais à une pratique divinatoire plus populaire, effectuée à partir d'une pièce que la diseuse de bonne aventure plaçait au creux de la paume de son client — et qu'elle conservait ensuite comme rémunération.
Mais le véritable intérêt du sujet réside dans son ambivalence, la scène de divination se doublant d'une scène de vol. Le thème n'est guère original, et Georges de La Tour reprend à son compte une tradition qui assimile les nomades que sont les gitans à des voleurs. Comme dans ses autres grandes toiles diurnes, le peintre joue à la fois sur la ligne des regards, et celle des mains15. Si l'attention du jeune homme est captée par la vieille, et ses mains en attente, l'une sur la hanche, l'autre qui s'apprête à recevoir la pièce, les yeux des trois jeunes femmes évoquent tout autre chose. Les deux femmes du fond établissent par le regard une connivence, les yeux en coin de la jeune fille de droite contredisant la raideur de sa posture de face. Ceci est confirmé par les mains, dans la partie inférieure de la toile. La manche blanche de la gitane de gauche conduit le spectateur à remarquer le geste précautionneux de celle-ci, qui retire la bourse de la poche du jeune homme. De même, la main de sa complice qui s'avance dans l'ombre est mise en valeur par les broderies d'or du poignet, et les minuscules taches de lumière figurées sur le bout des doigts. À cela répondent, de l'autre côté du jeune homme, et sur la même horizontale, les mains de la troisième jeune femme qui s'avancent dans l'ombre pour dérober la médaille d'or.

La Diseuse de bonne aventure (102 × 123 cm) est une huile sur toile du peintre lorrain Georges de La Tour, actuellement exposée au Metropolitan Museum of Art de New York, et effectuée à une date évaluée entre 1635 et 1638 par Jacques Thuillier, entre 1632 et 1635 par Pierre Rosenberg.

Signé en haut à droite du cadre « G. De La Tour Fecit Lunevillæ Lothar : » (« G[eorges] de La Tour [le] fit, à Lunéville, Lorraine »), le tableau reprend le thème caravagesque de la diseuse de bonne aventure, en représentant un jeune homme se faisant prédire l'avenir par une vieille gitane, alors que les trois autres femmes qui l'entourent profitent de son inattention pour le voler.

Ce tableau, réapparu en 1945, a été au centre de deux polémiques, la première en France pour dénoncer son acquisition par un musée américain en 1960, la seconde pour mettre en doute son authenticité, d'abord en 1970, puis au début des années 1980, sans pour autant que cela entache sa réputation de chef-d'œuvre absolu de La Tour3 — du moins en ce qui concerne ses tableaux diurnes.