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LA LOI DE TEHERAN, Saeed Roustayi 2021



LA LOI DE TEHERAN, Saeed Roustayi 2021
(taille reelle)
LA LOI DE TEHERAN, Saeed Roustayi 2021 ()

En Iran, la sanction pour possession de drogue est la même que l'on ait 30 g ou 50 kg sur soi : la peine de mort. Dans ces conditions, les narcotrafiquants n'ont aucun scrupule à jouer gros et la vente de crack a explosé. Bilan : 6,5 millions de personnes ont plongé. Au terme d'une traque de plusieurs

TELERAMA
Regorgeant d’idées de mise en scène, ce long métrage singulièrement efficace décrit une réalité insoupçonnée – la drogue fait des ravages en Iran –, entre enquête policière, film-dossier et drame social. Un choc.

le cinéma iranien ne nous a pas habitués à ça. Un flic replet, vite à bout de souffle, cavale après un dealer dans un dédale de ruelles, croit le coincer, puis le perd, ignorant que le criminel volatil vient en fait d’être enseveli vivant sur un chantier… Après cette sidérante entrée en matière, Saeed Roustaee, talentueux trentenaire à qui l’on doit Leila et ses frères, réalisé depuis, déroule un polar riche en ruptures de ton.

On s’attache d’abord à un policier des stups acharné à démanteler un réseau de trafiquants. Il procède méthodiquement, remontant la chaîne maillon par maillon, du consommateur — images folles d’accros au crack entassés en famille dans des cylindres de béton destinés à la construction — au grossiste. Descentes, arrestations, interrogatoires… un parcours miraculeusement décapé de ses clichés par la découverte d’une réalité insoupçonnée (l’Iran compte 6,5 millions de toxicomanes, selon le carton final), le foisonnement et l’épaisseur des personnages, l’abondance de dialogues.

Une mise en scène étourdissante
Cette manière d’« Iranian Connection » ne s’arrête pas une fois les bandits derrière les barreaux. On les accompagne dans une cellule surpeuplée, théâtre sordide où le « gros poisson » ferré par le héros accapare le devant de la scène. La Loi de Téhéran plonge alors dans les arcanes d’une justice impitoyable — que l’on détienne 5 grammes ou 500 kilos de drogue, c’est la peine de mort assurée — et le constat d’une misère sociale désespérante. Entre suspense, drame et film-dossier, on retient des scènes bouleversantes, comme lorsqu’un petit garçon tout fier improvise une démonstration de gymnastique au parloir de la prison, en guise d’adieu à son oncle sur le point d’être exécuté. Une œuvre gorgée d’idées de mise en scène et singulièrement efficace.