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BIRDS OF PREY, Cathy Yan 2020



BIRDS OF PREY, Cathy Yan 2020
(taille reelle)
BIRDS OF PREY, Cathy Yan 2020 ()
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Lorsque Roman Sionis, l'ennemi le plus abominable de Gotham, et son fidèle acolyte Zsasz décident de s'en prendre à une certaine Cass, la ville est passée au peigne fin pour retrouver la trace de la jeune fille. Les parcours de Harley, de la Chasseuse, de Black Canary et de Renee Montoya se télescopent et ce quatuor improbable n'a d'autre choix que de faire équipe pour éliminer Roman.

TELERAMA
Une superhéroïne déjantée s’associe avec des homologues féminines pour mettre hors d’état de nuire un ennemi qui veut s’en prendre à une jeune fille. Une nouvelle brique dans l’édifice cinématographique DC, plus orientée comédie et mauvais goût assumé.

Pour ceux qui ne maîtrisent pas leur DC Comics, sachez que Harley Quinn, la diplômée en psychiatrie, est la compagne du Joker, qu’elle a rencontré (dans les BD) à l’asile d’Arkham avant de devenir aussi timbrée que lui. Ou plutôt, elle était sa compagne, puisque ce film débute sur leur rupture. Pourquoi commencer cette critique avec cette précision peu féministe (une femme n’existe que par son compagnon) ? Parce que cette « fantabuleuse histoire » ne cesse d’évoquer ce fait, de le rappeler via la voix off, omniprésente et piailleuse, de son héroïne : je suis désespérée de cette rupture, je suis furax contre LUI, je veux m’émanciper de LUI, mais sans LUI et sa toxique protection, comment vais-je survivre contre tous les autres tordus de Gotham city ?

Pour exister, la demoiselle arlequin décide de prouver au monde à quel point elle est fondue. Face à elle, Ewan McGregor s’ennuie ouvertement à renouveler l’image du super vilain – pas Joker, un autre, dont l’activité préférée est d’arracher les visages de ses victimes. D’où sans doute l’interdiction au moins de 12 ans du film.

L’histoire ? Ah oui, on oubliait, et c’est normal tant elle est superfétatoire : un diamant ingéré par une petite pickpocket provoque un empilage, fatigant, de bastons au ralenti ou en accéléré, où Harley et d’autres pas drôles de dames balancent à répétition des coups de pieds dans l’entrejambe de tous les hommes à leur portée. Ou se lancent, à moto ou en roller, dans des courses poursuites à peine dignes des années 90. Le tout au son de tubes pop ou rock pas neufs, dont un carrément emprunté à la première version de Charlie’s angels par McG en 2000, qui passe, à côté, pour un parangon de féminisme pulp et pop.

Entre deux explosions de canons à paillettes, deux coups de batte dans le plexus, et des flashback censés dynamiter la narration mais accusant, en fait, la pauvreté du scénario, on a deux secondes pour bailler et se pincer : comment ce film dû à une scénariste, une réalisatrice et une productrice, peut, à ce point, être creux sur le sujet de la place de la femme dans la société et pervertir le concept de sororité ?

Déterminé, certes, à dénoncer la sentence du début – « Derrière chaque homme qui réussit se cache une meuf badass » –, Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn prend la forme sans âme du revenge movie où chaque fille (une flic, une orpheline, une chanteuse, et Harley) se bat pour elle-même et contre les autres. Ce n’est que lors du dernier quart d’heure, que naît, enfin, une alliance de circonstances : il y a trop de mecs en face. Sororité cynique dont seule réchappe Black Canary, la chanteuse qui castagne par bonté d’âme et pour aider les copines. Quant au personnage de Harley, surjoué par Margot Robbie, il correspond exactement à cette réplique, déçue, de la jeune voleuse de diamant : « Je croyais pourtant que tu étais particulière… ». Non : seulement une créature de bruit et de fureur dans un objet « fantabuleux » comme un soda secoué.


(edit IPTC)