arpoma l'art par la musique
        samedi 28 décembre 2024 - 03h35
menu / actu

liste / rep

atlas / rech
FOOTLOOSE, Craig Brewer 2011, Kenny Wormald, Julianne Hough (musical)@



FOOTLOOSE, Craig Brewer 2011, Kenny Wormald, Julianne Hough (musical)@
(taille reelle)
FOOTLOOSE, Craig Brewer 2011, Kenny Wormald, Julianne Hough (musical)@ ()

La petite ville de Bomont est sous le joug d'une loi dure. La danse, et les musiques qui mènent au mal sont proscrites, depuis l'accident de voiture qui a emporté le fils du révérend Shaw Moore. C'est dans ce contexte que Ren McCormick, jeune homme de Chicago et danseur, débarque un jour. Essayant d'abord d'ignorer la loi, il va finalement décider de la combattre, avec ses amis Willard et Ariel, en essayant de prouver au révérend que la danse ne mène pas nécessairement à la dépravation.

TELERAMA
Il y a quarante ans, le film attirait les jeunes comme des mouches agitées. En France, le film connut un joli succès, frôlant le million d’entrées. Le jour de sa sortie, le quotidien France Soir titre sur deux pages : « Les jeunes spectateurs américains sont fous de Footloose », alors que l’irrésistible morceau phare occupait la tête du hit-parade américain (« So now I gotta cut loose / Footloose / Kick off the sunday shoes », voilà, vous l’avez dans la tête pour la journée).

Globalement, les critiques étaient pourtant épouvantables. Pour Le Quotidien de Paris, « à mi-chemin entre Fame et Thriller, Footloose est l’exemple de la gangrène que canalisent la culture rock et ses rejetons, les clips, dans les milieux du cinéma ». Pour Télérama à l’époque, « plus gnangnan que ça, c’est pas faisable ! Plus démago, plus débile, plus bien pensant non plus […] Footloose va donc rejoindre Grease, Le Lagon bleu et Un amour infini, ces grandes énigmes du box-office américain qui allient la plus grande niaiserie au triomphe commercial ». Puis, lors d’une rediffusion télévisée, quelques années après : « Voici l’un des films les plus conservateurs que l’Amérique nous ait proposé depuis longtemps. » Ouch.

Il est vrai que l’histoire de Ren McCormack, jeune rebelle arrivé de Chicago avec sa mère dans une bourgade ultra conservatrice qui interdit aux ados de danser et de lire certains livres, a de quoi faire écarquiller les yeux. Le scénario est pourtant inspiré d’un fait réel : à la fin du XIXe siècle, dans un tout petit village de l’Oklahoma, Elmore City, la danse était interdite, car synonyme, selon le pasteur local, de dépravation. Trente ans plus tard, des lycéens se rebellent contre cette loi, et parviennent à organiser un bal de fin d’année dans leur bahut.

Pour Footloose, Kevin Bacon, alors âgé de 26 ans, endosse le rôle de Ren, qui entend bien réveiller la jeunesse endormie sous le joug de la religion. La Paramount avait d’abord envisagé Tom Cruise, Robe Lowe ou John Travolta, avant que Herbert Ross n’impose son acteur. Le couple vedette de Footloose fait d’ailleurs écho à celui formé par ce même Travolta et Karen Lynn Gorney dans La Fièvre du samedi soir (1977).

L’inoubliable scène de l’entrepôt
Si Lori Singer, dans le rôle d’Ariel, la fille rebelle du pasteur, ne fit pas vraiment carrière ensuite, Kevin Bacon, à peine connu pour avoir joué auparavant l’un des moniteurs assassinés dans Vendredi 13 (1980), accéda à une notoriété fulgurante. Il devint une véritable popstar, à son grand désarroi, puisque la dernière chose qu’il souhaitait était, justement, d’en devenir une… « À l’époque, j’avais envie d’être Dustin Hoffman, Meryl Streep, John Cazale ou Robert De Niro. De travailler avec Martin Scorsese. De jouer du Tchekhov », a-t-il confié dans le podcast Podcrushed, en septembre 2023.

Malgré tout, et après une carrière impressionnante (JFK, Apollo 13, Sleepers, Mystic River…), il s’est rendu il y a quelques semaines, sans rancune, dans le lycée d’Elmore City où a été tourné Footloose. Pour célébrer les 40 ans du film, mais aussi récolter des fonds pour son œuvre de charité, SixDegrees.org – clin d’œil au jeu Six Degrees of Kevin Bacon.

Si après quatre décennies, Footloose demeure aussi ringard qu’à l’époque, il n’en demeure pas moins un incontestable phénomène pop des années 1980, grâce notamment à une scène d’anthologie : celle dans laquelle Kevin Bacon, ivre de rage, danse comme un damné – il est en réalité doublé par un danseur, un cascadeur et deux gymnastes ! – dans un entrepôt, sur le titre Never, des Moving Pictures. Inoubliable.