ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD, Quentin Tarantino 2019, Leonardo DiCaprio, Brad Pitt (societe)@@
Rick Dalton, un acteur de télévision qui a déjà vécu de meilleures années, et son cascadeur de longue date Cliff Booth s'efforcent d'atteindre la gloire et le succès dans l'industrie cinématographique au cours de l'âge d'or d'Hollywood en 1969.
TELERAMA
Avec cet hommage au cinéma des années 1960, Tarantino met en scène Leonardo DiCaprio en acteur de série télé à la carrière chancelante, et Brad Pitt dans le rôle de son cascadeur attitré.
Depuis sa Palme d’or, en 1994, avec Pulp Fiction, Quentin Tarantino a acquis un statut unique de cinéaste superstar. Chaque nouveau film de lui est attendu comme un événement capital. Cette attente, il sait en jouer et la déjouer à chaque fois (ou presque), trouvant toujours le moyen de réinventer quelque chose, de surprendre, de déconcerter, sans toutefois bien sûr se séparer de ce qui le fonde en profondeur, à savoir une cinéphilie dévorante et sans limites. On était à peu près certains que rien ne valait plus pour lui que le cinéma mais on oubliait une chose, attenante : la télévision, plus précisément les séries télévisées.
Once Upon a Time in... Hollywood, déclaration d’amour presque tendre (si, si, vous avez bien lu) à une époque révolue, très précisément datée et fixée ici en août 1969, aborde ce moment charnière où la télévision est en train de sérieusement concurrencer le cinéma tout en puisant dedans allègrement. Rick Dalton (Leonardo DiCaprio) est un acteur de télévision fameux, récemment abonné aux rôles de méchant dans les séries télé. Il est sur le déclin, il doute, il picole trop. Un producteur (Al Pacino) l’incite à aller tourner en Italie un western spaghetti. Rick voit ça comme le début de la fin. Il s’épanche auprès du cascadeur Cliff Booth (Brad Pitt), qui est plus que sa doublure : son homme à tout faire, à la fois chauffeur et nounou. En parallèle à ce duo, on suit Sharon Tate (Margot Robbie), starlette promise à être une star, dont on connaît la fin atroce, assassinée par des hippies illuminés, membres d’une communauté regroupée autour de Charles Manson. Dans le film, qui rappelons-le est un conte (Once Upon a Time in...), Sharon Tate vit avec Roman Polanski sur les hauteurs de Hollywood, dans une villa voisine de celle de Rick.
De ce dernier, Tarantino s’amuse à faire un personnage hybride, un panaché de Clint Eastwood (vedette de Rawhide) et de Steve McQueen (Au nom de la loi). Méta-cinéma par excellence, Once Upon a Time in… Hollywood est truffé de citations, de pastiches, d’extraits de films ou de séries, de personnages imaginaires et de personnes réelles, comme Sharon Tate. Autour d’elle, impossible d’en dire beaucoup, au risque de spoiler. Tout juste peut-on dire que Tarantino lui rend un hommage qui se veut léger, fluide, en la filmant toujours en mouvement, fleur blonde légère, pleine de candeur, gracile, rieuse.
Les cocktails sirotés par dizaines, les piscines, le vertige des descentes en voiture sur les pentes de L.A, les rumeurs, les réputations qui se font et se défont, l’acteur liquéfié, rongé par l’angoisse, qui n’arrive pas à dire son texte (DiCaprio, émouvant)… C’est sur le mode assez « laid back » de la flânerie alanguie que cette évocation hollywoodienne parvient à séduire. Il y a bien un bain de sang un moment. Mais de tous les films de Tarantino, celui-ci est à coup sûr le moins percutant, le moins violent. Preuve que le cinéaste continue à rebattre les cartes. Et la musique ? Toujours impeccable, cette fois intéressante dans la manière de choisir des titres fameux (des Rolling Stones, des Mamas and the Papas…) repris par d’autres. Cela nous vaut une séquence de survol teinté de mélancolie, sur le Out of Time de Chris Farlowe.
Il y a une autre séquence, génialement anodine, qui résume l’atmosphère du film. Brad Pitt (topissime) doit un moment réparer l’antenne de télévision de Rick, absent de la maison à ce moment-là. Il débarque là-bas, prend quelques outils dans le garage, arrive sur le toit en deux trois mouvements ahurissants d’agilité. Posté au soleil tout près de l’antenne brinquebalante, il enlève son tee-shirt, arborant un torse de marbre antique, malgré les cicatrices. La caméra s’attarde sur Cliff qui surplombe le monde, regarde autour de lui, entend le rock enjoué au loin qui s’échappe d’une fenêtre de la chambre de Sharon Tate. Dans ce moment suspendu passe la sensation d’une dolce vita hollywoodienne. Tout cela disparaîtra bientôt, l’innocence sera perdue.
SYNOPSIS
En 1969, l'acteur de télévision Rick Dalton et son ami et doublure, le cascadeur Cliff Booth, sont totalement perdus dans une industrie du cinéma en pleine mutation. Ils ne comprennent plus cette Cité des anges qui voit l'émergence du mouvement hippie et l'arrivée cauchemardesque du gourou Charles Manson. Tout en croisant Steve McQueen et Bruce Lee, Dalton et Booth se noient dans la bière et les verres de whisky, et peinent à trouver des contrats. Non loin de la propriété de Rick Dalton, la jeune actrice Sharon Tate, femme du réalisateur Roman Polanski, vient de partager l’affiche avec Dean Martin dans une comédie intitulée «Matt Helm règle son comte»...