VOYAGES EN ITALIE, Sophie Letourneur 2023, Sophie Letourneur, Philippe Katerine (comique psycho)@
Jean-Philippe et Sophie veulent sortir du quotidien de leur couple et partir en voyage sans leur enfant. Sophie n'a qu'une condition : n'importe quel pays sauf l'Italie, car Jean-Philippe y est déjà allé avec ses ex-compagnes. C'est pourtant en Sicile que le couple va passer son séjour, Jean-Philippe arguant que ce n'est pas tout à fait l'Italie. Après un voyage riche en brouilles et réconciliations, ils reviennent en France et font un récit audio de leurs vacances.
TELERAMA
Philippe Katerine et Sophie Letourneur forment un couple qui tente d’échapper à la routine en Sicile. Les débuts d’une trilogie au charme doux-amer.
Il y a une langueur propre aux films de Sophie Letourneur, qui feint le naturalisme bon marché alors que son terreau autofictionnel relève au contraire de la mécanique de précision. Cela vaut autant quand la réalisatrice dirige des comédiens réputés (Marina Foïs et Jonathan Cohen dans Énorme ; Benjamin Biolay et Lolita Chammah dans Gaby Baby Doll) que quand elle passe elle-même devant la caméra — elle le fait régulièrement depuis ses courts métrages (Le Marin masqué).
Voyages en Italie est le premier volet d’une trilogie transalpine sur les vicissitudes de l’amour conjugal. Suivront Vacances romaines et Divorce à l’italienne : les titres insolemment puisés dans le grand chaudron de la cinéphilie classique ne laissent guère planer de doute sur le devenir du couple (de fiction) de plus très jeunes parents bobos et parisiens que Sophie Letourneur incarne avec le toujours impeccable Philippe Katerine.
Il s’agit ici de quitter un Belleville surchauffé et covidé pour souffler une semaine dans les îles Éoliennes, sans charge mentale, sans gamins, afin de voir si, oui ou non, le miracle sicilien se produit sur les pentes des volcans. La routine est-elle soluble dans le dépaysement ? Davantage qu’à Rossellini, explicitement cité dans le titre, on pense à un autre maître italien dans les meilleurs moments de ce film de vacances, volontairement sans consistance, sur l’étiolement du désir. L’ombre de Nanni Moretti plane en effet sur ces amoureux fatigués se baladant, en Vespa, à la poursuite du temps perdu ou déconstruisant, dans le lit conjugal, le scénario du film de leur vie, qu’ils refusent de voir s’achever sans avoir tout tenté pour le sauver.