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jeudi 18 décembre 2025 - 16h41
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Aléatoire     Continu

MARINETTE, Virginie Verrier 2023, Garance Marillier, Émilie Dequenne, Sylvie Testud (sport bio)@@@

Marinette Pichon a le foot dans la peau dès son plus jeune âge. Élevée par une mère courageuse qui doit faire face à un mari violent, elle surmonte les difficultés et se forge une détermination sans faille. Alors qu'elle mène de front petits boulots et carrière sportive, elle est sélectionnée en équipe de France puis repérée par un grand club américain. Marinette débarque alors avec sa mère aux Etats-Unis, poursuivant le rêve de devenir la meilleure joueuse du monde.

TELERAMA
La championne de foot avait un père violent. La vie de Marinette Pichon dans un biopic plein de finesse.
Marinette : un titre tendre pour une sportive au nom encore bien méconnu. Il faut sans doute être fan de football pour savoir que Marinette Pichon est une grande championne, au palmarès inouï – elle détenait jusqu’en 2020 le record du nombre de buts marqués en Equipe de France, hommes et femmes confondus. Ce biopic, second long métrage de Virginie Verrier (À deux heures de Paris), vient réparer de fort belle manière le manque de reconnaissance et l’invisibilité dont cette femme a pâti. En révélant son parcours pour le moins édifiant, digne à la fois d’un roman de Zola et d’un conte de fées.

Elle est encore toute petite lorsqu’elle se sent irrémédiablement attirée par le ballon rond, source de passion joyeuse. Ce sont les années 80, époque où, pour une fille, il est encore très rare et mal vu de pratiquer le foot. Deux esprits bienveillants vont jouer un rôle décisif : sa mère (Émilie Dequenne), courageuse, indifférente au qu’en-dira-t-on, et un entraîneur (Fred Testot), lui aussi sans œillères, qui l’encourage, en détectant tôt son talent d’attaquante. Marinette joue alors avec les garçons, au Saint-Memmie Olympique, un club de la Marne. Tout pourrait couler de source, sauf qu’à la maison un véritable enfer l’attend. Son père, alcoolique violent, cogne sa mère, tente de violer sa belle-mère. Avant d’être arrêté, jugé et envoyé en prison.

Marinette dépasse largement le cadre strict du sport pour mettre en lumière, avec justesse et sobriété, un destin exceptionnel. Celui d’une jeune fille frondeuse qui a dû surmonter maintes épreuves et préjugés pour s’affirmer comme joueuse et progresser vers le haut niveau. Sans craindre de faire son coming out. Sans craindre, non plus, de dire haut et fort l’inégalité de traitement entre hommes et femmes, le manque de considération des hautes instances du foot, l’absence scandaleuse de statut professionnel. C’est son engagement, sur la scène publique comme sur le terrain, qui est ici loué. Côté pelouse, le pari était périlleux. Car reproduire les actions de jeu, les buts marquants de Marine, est une tâche quasi impossible. La réalisatrice recourt à l’ellipse et aux plans serrés, qui lui permettent de privilégier les qualités individuelles de la joueuse au bandeau, sa rage de vaincre et son enthousiasme.

Ne pas croire qu’une fois lancée, la carrière sportive de Marinette Pichon a été un long fleuve tranquille. Elle atteint certes la gloire lorsqu’elle est recrutée par un grand club américain – son arrivée à Philadelphie, avec sa mère, tient de l’enchantement. Mais elle connaît, par la suite, d’autres déboires. Cette héroïne enfin révélée au grand jour, Garance Marillier l’incarne à merveille. L’actrice formidable de Grave (de Julia Ducournau, en 2016) fait ici son retour au premier plan. Elle est non seulement crédible en footballeuse, mais fine et émouvante, dans ses rencontres amoureuses comme dans l’adversité. En faisant passer le formidable élan d’une battante victorieuse.