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UN HOMME HEUREUX, Tristan Séguéla 2023, Fabrice Luchini, Catherine Frot (moeurs comique)@

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Alors que Jean, maire très conservateur d'une petite ville du Nord, est en campagne pour sa réélection, Edith, sa femme depuis quarante ans, lui annonce une nouvelle qu'elle ne peut plus taire. Au plus profond de son être, elle est - et a toujours été - un homme. Jean pense d'abord à une plaisanterie mais réalise rapidement qu'Edith est déterminée à mener sa transition jusqu'au bout. Il comprend alors que son couple, mais aussi sa campagne électorale, risquent d'être sacrément chamboulés.

TELERAMA
Édith (Catherine Frot) annonce à son maire de mari (Fabrice Luchini, au top du cabotinage) qu’elle est un homme et souhaite effectuer une transition… Malgré de bonnes intentions, le ton du film de Tristan Séguéla reste horriblement daté.

Évoquer la transition de genre dans une comédie française ? Sujet inflammable, nécessitant inventivité, finesse et modernité d’écriture. Tout ce dont manque Un homme heureux (en salles depuis le 15 février), pochade pleine de bonnes intentions, mais aussi aérienne qu’un brontosaure en tutu dans une boutique Cristal d’Arques.

Soit Fabrice Luchini dans le rôle du maire conservateur d’une petite ville des Hauts-de-France, Montreuil-sur-Mer. Alors qu’il s’apprête à se représenter aux élections, sa femme depuis quarante ans, Édith (Catherine Frot), lui annonce de but en blanc qu’elle est un homme, né dans le mauvais corps. À partir de là, le bulldozer de la blague se met en marche : cris d’orfraie, roulements d’yeux stupéfaits, déni, c’est la cata pour l’édile ultra réac, anti-GPA, anti-PMA, homophobe et tutti quanti, obsédé par l’idée que cette nouvelle va ruiner sa campagne…

Le message est sans ambiguïté : Il s’agit de moquer l’étroitesse d’esprit du mari, non la courageuse transition de l’épouse. Pour éviter les impairs, le réalisateur Tristan Séguéla (Docteur ?) a dit s’être adjoint les conseils de personnes trans, et joue la pédagogie dans une scène de groupe de parole, où sont expliqués des termes comme « cisgenre », ou la différence entre identité de genre et orientation sexuelle.

Mais en abordant cette question ultra actuelle à la manière d’un antique numéro d’Au théâtre ce soir, la comédie paraît, ici, bien à côté de la plaque. Tristan Séguéla semble penser que tout miser sur les réactions outrées de Luchini suffit à faire un film. Et dans le registre « Ciel, ma femme est un homme ! », l’acteur est au top du cabotinage.

Le voir s’offusquer qu’il y a « tromperie sur la marchandise », éructer qu’il aurait préféré « se faire plaquer par une girafe » ou se demander si Édith ne va pas finir par « se greffer une saucisse entre les jambes » se révèle, sur la longueur, totalement contre-productif, et même gênant. Jusqu’à rendre improbables les cinq dernières minutes où, saisi par une illumination woke, il rétropédale, et expérimente un retour de flamme inopiné pour celui qui est devenu, entre-temps, son époux, Eddy…

L’impact de la transition sur la famille ? Évacué en deux scènes paresseuses. Les seconds rôles ? Décoratifs, et tant pis pour le casting alléchant (Philippe Katerine, Artus, Paul Mirabel ou Agnès Hurstel). Seule Catherine Frot, dans le rôle le plus casse-gueule, parvient, de temps à autre, à émouvoir, en moustache et cravate, affirmant sa nouvelle identité, maladroitement et sincèrement. Malgré tout, difficile de croire en cette histoire d’amour au-delà des préjugés, tant le décalage entre le fond du propos et le ton, daté, est abyssal. Pour le Gazon maudit trans des années 2020, c’est loupé.