Deux magiciens du 19e siècle s'engagent dans une lutte sans merci non seulement pour se surpasser l'un l'autre, mais pour détruire l'adversaire. L'un deux est accusé du meurtre de son rival qui s'est noyé au cours d'un tour de magie, après être tombé d'une trappe dans une cuve remplie d'eau et verrouillée, l'exécution du tour ayant apparemment mal tourné.
TELERAMA
Dans l’Angleterre victorienne, deux magiciens rivalisent de génie, jusqu’à mener un combat d’illusions, parfois cruelles. Une belle histoire qui, malgré quelques complexités de narration inutiles, séduit vraiment.
Magie et cinéma font bon ménage, surtout dans notre esprit. Sur l’écran, la rencontre est rare. On se jette donc avec une faim de loup sur ce Prestige appétissant : deux prestidigitateurs s’y font la guerre à coups d’illusions, d’abord par pure jalousie professionnelle, puis par la force d’une sorte d’envoûtement au fond un peu sorcier. C’est la logique même de la magie, comme on nous l’explique dans la scène d’ouverture : au début, une simple promesse (« Regardez cette colombe ! »), puis vient le tour (la colombe disparaît) et enfin l’escalade merveilleuse, qu’on appelle le « prestige » : la colombe réapparaît.
Christopher Nolan a transposé ce beau programme dans la fiction, mais en brouillant les pistes, notamment la chronologie de l’histoire, comme pour rappeler que s’il a réalisé Batman begins (2005), il est aussi l’auteur du tordu et culte Memento (2000). Le Prestige opère la synthèse des deux, à la fois joli film grand public offrant un spectacle permanent sur fond d’Angleterre victorienne et film d’auteur un peu artificiellement torturé dans sa narration mais hanté par une vraie fascination pour les étranges pouvoirs du chiffre 2. Le duo de magiciens se désaccorde en effet lorsque l’un d’eux réussit un tour où il semble se dédoubler. Pour Christopher Nolan, qui travaille avec son frère Jonathan, il y a là toutes sortes de perspectives de vertige, qu’il explore tour à tour, jusqu’au prestige, qui vaut le détour.