Un des machinistes du paquebot 'Virginian', découvre un bébé abandonné. Il l'adopte et l'élève comme son propre fils et le baptise "1900". L'enfant se révèle doué pour le piano et devient mondialement réputé comme étant un virtuose. Des producteurs tentent de l'enregistrer et de le faire partir en tournée dans le monde entier, mais 1900 refuse de quitter son navire. Lorsque le Virginian est condamné à être dynamité, 1900 disparaît dans l'explosion.
TELERAMA
Un génial pianiste de jazz, né sur un paquebot le premier jour du XXe siècle, passe en mer sa vie (musicale). D’un court monologue théâtral, Tornatore tire un film surdécoré, que sauve par instants l’épaisseur romanesque de Tim Roth.
Giuseppe Tornatore n’est pas Fellini. On ne va pas le lui reprocher mais a-t-il songé, tout de même, au Maestro lorsqu’il a filmé, lors d’une tempête, un piano valsant dans l’immense salle de bal d’un paquebot de luxe, style Et vogue le navire…
Inspirée d’un monologue théâtral d’Alessandro Barrico, voici l’histoire d’un bébé abandonné lors de l’arrivée à New York d’un bateau aussi luxueux que le Titanic. Un soutier le recueille, entre un cigare à moitié fumé et quelques papiers froissés. Et il le baptise Danny Boodman (comme lui) T.D. Lemon (comme la boîte dans laquelle il l’a déniché) « 1900 » (parce que nous sommes le premier jour du siècle nouveau).
Danny Boodman T.D. Lemon « 1900 » va grandir dans le ventre de ce navire sans jamais mettre pied à terre. À 7 ans, il manifeste des dons étonnants pour la musique. Ni classique ni moderne, proche du jazz, avec quelque chose au-delà… Des années plus tard, Jerry Roll Morton, qui, lui, l’a carrément inventé, le jazz, viendra le défier, sur ce bateau qu’il ne quitte jamais…
Ce duel musical donne lieu à une scène très rigolote, qui pourrait même être magnifique, si Tornatore ne s’obstinait à la gâcher par de stupides effets de caméra. Ah, ces travellings rapides sur le clavier pour suggérer le rythme, avec, en surimpression, la multiplication des mains de « 1900 », pour mieux exprimer sa virtuosité !
Tornatore n’est pas Fellini. Et Ennio Morricone n’est ni Mozart ni Verdi (pour le lyrisme). Il a composé une musique dont aucun hôtel ne voudrait, même pour sonoriser ses ascenseurs. Tics esthétiques d’un côté, soupe musicale de l’autre : on a du mal à résister. Et pourtant… Lorsque Tornatore consent à calmer ses ardeurs techniques, la sensibilité de Cinema Paradiso n’est pas loin. Le scénario est si romanesque, si original que le charme agit. Et Tim Roth, à la fois enfantin et fragile, arrive à donner à ce film inégal la grâce funambulesque qui lui manque.