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CORSAGE, Marie Kreutzer 2022, Vicky Krieps, Florian Teichtmeister (histoire bio)@@@

Le parcours de la sportive controversée Tonya Harding, championne de patinage artistique dans les années 80 et 90, première femme à réussir un triple axel dans une compétition majeure, mais surtout connue aujourd'hui pour sa célèbre rivalité avec la patineuse Nancy Kerrigan aux JO de 1994 et sa tentative, avec l'aide de son mari, de nuire à sa rivale.

TELERAMA
Élisabeth d’Autriche (Vicky Krieps, sensationnelle) fête ses 40 ans, le début de la fin… Loin du biopic, cette rêverie glacée réinvente le destin de Sissi à l’aune du féminisme contemporain. Anachronique et fascinant.

Un jour, Sissi a eu 40 ans. Corsage raconte ce début de la fin, soit quelques mois dans la vie de l’impératrice d’Autriche, en 1877, avant qu’elle ne s’éclipse volontairement — dans le scénario, du moins, qui prend des libertés radicales avec les faits. Le film, en effet, n’émarge pas vraiment au genre du biopic, s’apparentant plutôt à un récit d’émancipation fantasmé à l’aune du féminisme contemporain. On doute que la souveraine ait jamais quitté un dîner officiel en faisant un doigt d’honneur ou traité le valet de son époux de « gros connard »… Mais si Quentin Tarantino peut tuer Hitler dans Inglourious Basterds (2009) ou sauver Sharon Tate dans Once Upon a Time… in Hollywood (2019), l’Autrichienne Marie Kreutzer a le droit, elle aussi, de réécrire l’histoire par la magie du cinéma.

Elle le fait littéralement, en imaginant une rencontre, a priori fictive, entre Sissi et un pionnier du cinématographe, Louis Le Prince (Finnegan Oldfield), qui lui propose de la filmer. « Je peux dire ce que je veux tant que je souris ? » s’étonne l’intéressée, prélude à une amusante séquence muette où la captive — de son genre et de son statut — se lâche comme jamais. Car sous le titre Corsage, c’est d’une existence absolument corsetée qu’il s’agit.

Invisibilisée et scrutée
Soumise à des diktats insoutenables de minceur, de pondération, de respectabilité, Élisabeth étouffe dans ses vêtements, sous sa tonne de cheveux, dans son rôle de représentation. L’autrice insiste sur ses repas — une louche de potage transparent, deux tranches d’orange fines comme du papier à cigarette… —, les séances d’habillement qui virent à la torture, sa pratique obsessionnelle du sport, détails fameux qui viennent se frotter à d’audacieuses inventions et à des décors parfois anachroniques (gymnase aux murs écaillés, interrupteurs électriques, téléphone…), produisant des étincelles de présent dans ces images d’une impressionnante beauté glacée.

Aux antipodes de la Sissi à la guimauve d’Ernst Marischka, qui révéla (et encagea un temps) la juvénile Romy Schneider en 1955, cette chronique étrange, sorte de rêverie languide et vengeresse, offre un rôle très physique à l’éblouissante Vicky Krieps, récompensée dans la section Un certain regard de Cannes, en 2022. L’actrice luxembourgeoise campe une femme à la fois invisibilisée et scrutée, au centre de tous les regards mais s’y dérobant sans cesse — voilée, voire remplacée par une doublure — et réussit à susciter tout autant l’antipathie que l’empathie. Reste l’issue du film… La vraie Élisabeth est morte en 1898, assassinée par un anarchiste. Celle-ci a droit à une libération anticipée, dont on dira seulement qu’elle laisse un goût amer. On n’est pas chez Tarantino.