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stevens - What Is Called Vagrancy. 1855
à Vincennes, une mendiante est conduite en prison par des gendarmes avec ses enfants en bas âge. Une bourgeoise, charitable, lui tend une bourse ; le gendarme lui reproche son geste. Sur le mur, à droite, deux affiches annoncent un « bal » et un « terrain à vendre », rappel ironique de l’omniprésence de l’argent dans la société impériale.
En France, le vagabondage, défini comme un délit dans le code napoléonien de 1804, est réprimé en milieu rural aussi bien qu’en ville.
La surveillance des itinérants, affermie sous la Restauration, est stricte
Tout concourt à rendre à la fois sinistre et poignant ce drame de la misère urbaine. Le réalisme glacé des détails, la palette sombre, les silhouettes grises se détachant sur un mur noir couvert de neige, donnent l’impression que la malheureuse, entourée d’hommes en armes, ne va pas en prison, mais plutôt à son exécution.
Le tableau de Stevens, présenté à l’Exposition universelle de 1855, vise à dénoncer la dure réalité de la vie urbaine et la brutalité policière dont les pauvres sont victimes. Devant cette mère sans défense livrée à l’insensibilité de la soldatesque, le peintre se fait le porte-parole des opprimés, de ces pauvres inoffensifs qu’on traque injustement ou qu’à défaut on dénonce, à l’instar de ces idéologues conservateurs pour qui le pauvre au chômage « se pose comme ennemi de la société, parce qu’il en méconnaît la loi suprême, qui est le travail ». Stevens oppose ainsi l’ordre purement répressif des gendarmes (et du régime) à la pitié philanthropique incarnée par la bourgeoise.
Napoléon III ne s’y est pas trompé : choqué que ses gardes soient représentés si crûment, il fit en sorte que les vagabonds soient désormais emmenés en prison avec discrétion, en voiture close !