Jackie Brown, hôtesse de l'air, arrondit ses fins de mois en convoyant de l'argent liquide pour le compte d'un trafiquant d'armes, Ordell Robbie. Un jour, un agent fédéral et un policier de Los Angeles la cueillent à l'aéroport. Ils comptent sur elle pour faire tomber le trafiquant. Jackie échafaude alors un plan audacieux pour doubler tout le monde lors d'un transfert impliquant une somme de cinq cent mille dollars.
TELERAMA
Ambiance cool, malfrats bavards et coup fumant, en 1998, Tarantino changeait de tempo et réinstallait Pam Grier en haut de l’affiche. Une réussite.
L'hôtesse de l’air Jackie Brown passe en fraude du fric sale pour le compte du gangster Ordell Robbie. Elle s’apprête à blouser tout le monde dans les grandes largeurs. Ce « coup » fumant se monte au rythme poisseux d’une musique omniprésente, mais aussi des conversations. On connaît le goût de Quentin Tarantino pour les personnages intarissables. Dans Jackie Brown, on ne flingue plus (enfin, juste ce qu’il faut…), mais on cause de plus belle. On chipote sur la couleur et le motif d’un sac de supermarché, on digresse sur les vieux disques en vinyle. L’arnaque est répétée comme une pièce de théâtre qui se jouerait sur la scène d’un centre commercial, entre une cafétéria et un magasin de vêtements — lieux passe-partout d’une Amérique standard.
Le roman d’Elmore Leonard se passait à Miami. Tarantino l’a transposé dans la South Bay, ces banlieues mornes et ensoleillées de Los Angeles. Il nous balade ainsi jusqu’à ce que l’absence d’effets, de trucs fasse son effet. Jusqu’à ce que les protagonistes de cette assez mince intrigue imposent leur présence, deviennent chair à fiction. Et mémorables. Au travers de ces losers sympathiques, Tarantino suggère une morale, peu orthodoxe, mais qui étonnera ceux qui guettaient l’explosion de violence d’un polar de plus. Ce grand cinéaste mineur a su se rendre imprévisible.