Gary est embauché dans une centrale nucléaire. Là, au plus près des réacteurs, où les doses radioactives sont les plus fortes, il tombe amoureux de Karole, la femme de Toni, son superviseur. L'amour interdit et les radiations contaminent lentement Gary.
TELERAMA
Engagé dans une centrale nucléaire, un jeune homme commence une dangereuse histoire d’amour. Un deuxième film brillamment dialogué et interprété par Léa Seydoux et Tahar Rahim.
Si les films étaient projetés sans générique, il n’est pas sûr qu’on aurait reconnu en Grand Central, brillant mélodrame dont l’intrigue se situe chez les travailleurs du nucléaire, la patte de la jeune réalisatrice Rebecca Zlotowski, révélée il y a trois ans par Belle Épine. Ce premier film était mutique, volontiers mystérieux dans la progression du récit ; le deuxième est brillamment dialogué, très habile dans sa capacité à faire vivre ses personnages, extrêmement rigoureux dans la montée de la tension dramatique. Presque l’exact opposé…
On y croit dès la première scène, quand Gary (excellent Tahar Rahim) rejoint une équipe d’intérimaires à l’œuvre dans une centrale nucléaire. Boulot de chien, qui ne s’exerce que par intermittence tant la contamination menace. Intégré au groupe des ouvriers qui logent sur le site, Gary découvre une petite communauté attachante et singulière. Dont Karole, la femme de Toni : Léa Seydoux incarne avec douceur et aplomb cette femme fatale malgré elle. Cheveux courts, minishort et débardeur cachent à peine un corps sensuel. Désormais, le danger est partout. À l’intérieur de la centrale, où la moindre inattention suffirait à mettre en danger sa santé ou celle de ses camarades ; le long des mobile homes qui la bordent, où le désir peut tout à coup dresser les nouveaux amis les uns contre les autres.
Rebecca Zlotowski excelle dans les scènes de groupe : sorties collectives, repas en commun, hommes au travail. Les formidables « seconds rôles » (Olivier Gourmet, Denis Ménochet, Johan Libéreau, etc.) y trouvent de quoi jouer, et ces moments évoquent le cinéma français d’antan — le Renoir d’avant-guerre, par exemple. Mais jamais l’évidente cinéphilie de Rebecca Zlotowski n’altère les qualités dramatiques de Grand Central, poignante tragédie populaire.