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TURNER (William), Venise, la Douane et San Giorgio Maggiore 1834 - VIVALDI, la tempesta di mare, presto
Turner voyageait beaucoup et connaissait bien Venise. Au cours d’un premier voyage en 1819, il avait réalisé de nombreux dessins et il se base sur l’un d’entre eux pour composer son tableau. Mais c’est surtout son séjour à Venise en 1833 qui lui permet d’imaginer cette composition. Car il s’agit bien d’imagination. Le peintre ne respecte pas le paysage réel. Cette licence artistique caractérise la peinture romantique, qui ne recherche pas à refléter le réel. Le peintre a toute liberté pour modifier le paysage afin de l’adapter à sa sensibilité. La poésie de l’image prime sur la fidélité de la représentation.
Cette distance par rapport au réel éloigne également Turner de l’impressionnisme, qui est un réalisme. Les impressionnistes voudront, à partir de la décennie 1860, capter au plus près une réalité changeante tout en admettant que la perception diffère parfois beaucoup d’un artiste à l’autre. Chez Turner, il s’agit au contraire de poétiser le réel en s’affranchissant au besoin de la restitution fidèle du paysage observé. Si le style de Turner préfigure l’impressionnisme, son état d’esprit en est très éloigné. La composition de Grand Canal, Venise, traduit bien l’admiration qu’éprouvait Turner pour les classiques français et en particulier Claude Lorrain.

Oil on canvas. 228.6 cm (90 in.) x 309.88 cm (122 in.). National Gallery of Art, Washington DC