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SHOAH, Claude Lanzmann (histoire guerre)@@@

Claude Lanzmann interroge, 11 années durant, les témoins directs de la Shoah en Pologne, afin de savoir comment l'Allemagne nazie a pu exterminer plus de cinq millions de juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Les intervenants sont des survivants, des témoins et des responsables.

TELERAMA
Œuvre-monument, “Shoah” occupe une place à part dans l’historiographie audiovisuelle de l’extermination des Juifs d’Europe. Le documentaire fleuve de Claude Lanzmann fait, depuis sa réalisation, en 1985, figure de référence indépassée.
Œuvre monumentale, voire œuvre-monument, Shoah occupe une place à part dans l’historiographie audiovisuelle de l’extermination des Juifs d’Europe. Sorti trente ans après Nuit et brouillard, le documentaire fleuve de Claude Lanzmann fait, depuis sa réalisation, en 1985, figure de référence indépassée. Mais, sous l’ampleur intimidante de l’œuvre, sous l’avalanche de commentaires qu’elle a pu susciter et sous la révérence qu’elle inspire même à ceux qui ne l’ont jamais vue, réside un film qu’il convient de (re)découvrir pour en appréhender la valeur intrinsèque.
(Re)voir aujourd’hui Shoah permet d’apprécier la pertinence de ses principes structurels, dont la radicalité sert un puissant parti pris historique. Exempt d’images d’archives et affranchi du poids de la chronologie, le film de Claude Lanzmann s’ancre dans le présent (celui de la parole comme ­celui des lieux) pour évoquer un passé effroyable dans ses aspects les plus concrets. Au fil des souvenirs de rescapés, de témoins et d’auxiliaires de la solution finale, il substitue au catéchisme mémoriel la réalité d’une rampe, d’un quai ou d’une cheminée, démasque l’envers funeste d’un herbage ou d’une rangée de conifères plantés à la hâte pour recouvrir les traces d’un charnier. Dégagé de toute sentimentalité, il dessine les contours d’un événement rétif à toute représentation pour en nourrir notre mémoire et ne plus la lâcher.