MARCHE A L OMBRE, Michel Blanc, Michel Blanc, Gerard Lanvin (comique)@@@
Denis, un éternel angoissé, bourlingue avec son copain François, un guitariste bellâtre. De retour de Grèce, tous deux se rendent à Paris, où un ami doit les loger. Mais l'ami en question a disparu et son toit s'est envolé.
TELARAMA
On a vu dix fois ce road-movie urbain de et avec Michel Blanc, mais on le re-regarde pour le réentendre prétendre que son entorse “s’infecte”.
Pourquoi, trente ans après, colle-t-on encore avec le même plaisir aux baskets de Denis, dont les entorses s’infectent, et de François, qui le porte et le supporte ? Pas uniquement parce que le premier film de Michel Blanc est d’une drôlerie et d’une tendresse qui ne se démodent pas. Ce plan galère, de couloirs de métro en squats chaleureux, raconte l’inébranlable amitié d’un pot de fer et d’un pot de terre. Denis, épais comme un sandwich SNCF, lâche et hypocondriaque, a besoin des épaules de François. Qui, lui, puise sa force dans la faiblesse et les jérémiades de Denis.
Déjà loin du café-théâtre de ses débuts, Michel Blanc signe une vraie mise en scène de cinéma, où les scènes les plus désopilantes s’inscrivent dans un Paris de la démerde et des sans-abri. Mais c’est vrai que les hallucinations post-fumette de Denis (« J’ai du mal à parler parce que j’ai les dents qui poussent », « Dans mon sac, j’ai des cachets contre les renards ») et son achat d’une tranche de pâté de tête minimaliste (« C’est pour un bébé ») restent des raisons suffisantes pour revoir ce poème en rire sur les losers, temporaires ou chroniques.