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DOGMAN, Luc Besson 2023, Caleb Landry Jones, Jojo T. Gibbs (thriller)@

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Enfant, Douglas a été abusé par un père violent qui l'a ensuite jeté aux chiens. Au lieu de l'attaquer, ces derniers l'ont protégé et ils sont devenus ses alliés. Devenu adulte, encore traumatisé et menant une vie de marginal avec ses chiens, Douglas sombre peu à peu dans une folie meurtrière.

TELERAMA
Héros fracassés, dialogues naïfs, fusillades inévitables… on retrouve tout l’univers des années 1990 cher au réalisateur. Un immense fatras que la performance sincère de Caleb Landry Jones ne parvient pas à sauver.

enterrer trop tôt la carrière d’un homme puissant, malgré ses déboires tant commerciaux que judiciaires (1). Tourné dans une discrétion totale et présenté aux professionnels du marché de la Berlinale en février, son DogMan a vogué jusqu’à la lagune précédé d’une réputation de quasi-chef-d’œuvre que l’on mettra, maintenant qu’on a vu la bête, sur le compte d’un abus de schnaps.

Le film s’ouvre sur une citation de Lamartine : « Partout où il y a un malheureux, Dieu envoie un chien. » Pour Douglas (Caleb Landry Jones), Dieu a poussé jusqu’à la meute. L’ex-enfant martyr, handicapé depuis que son père lui a tiré dessus, vit en effet avec tout plein de toutous qui lui obéissent au doigt et à l’œil et, miracle, le comprennent mieux que les humains. Les premières minutes, après que la caméra a filé sur une route mouillée rappelant le début de Nikita (1990), posent l’intrigante étrangeté du protagoniste : quand la police arrête Douglas, il porte une robe rose, une perruque platine, et son maquillage dégouline, transformant la Marilyn en cousine tragique du Joker. Conduit au poste, le travesti en fauteuil roulant accepte, fort aimablement d’ailleurs, de raconter son histoire pas piquée des vers à une psychiatre raide comme l’injustice (Jojo T. Gibbs).

Montrer papatte blanche à l’ère #MeToo
Du chenil où l’avait encagé son paternel au drag show où il se produit à présent, Douglas déroule l’itinéraire d’un môme pas gâté, devenu mi-vengeur masqué, mi-Christ (lourdement) sacrifié sur l’autel de la violence masculine. On retrouve tout ce qui a fait le cinéma de Besson dans les années 1990, héros infantiles, science du décor (ici, un squat piégeux), dialogues naïfs (« Les chiens ne mentent jamais quand ils parlent d’amour ») et fusillades en clou du spectacle.

Lequel prend cette fois une opportune teinte queer qu’on n’avait pas vu venir, un peu comme s’il s’agissait de montrer papatte blanche à l’ère #MeToo. Il y a malgré tout, dans ce fatras citant Shakespeare, quelques séquences étonnantes, comme celle où, grimé en Édith Piaf et le visage cramé par la lumière, un Caleb Landry Jones chancelant assure le playback de La Foule. L’acteur texan, primé à Cannes pour Nitram en 2021, joue sa partition avec une sincérité accrocheuse pour qui ne craint pas le pathos.