Avril 1974, Julie Dujonc-Renens, jeune journaliste féministe, et Joseph-Marie Cauvin, grand reporter roublard à la radio suisse, sont envoyés au Portugal pour enquêter sur l'aide de la Confédération helvétique aux pays pauvres. La cohabitation à bord du bus conduit par Bob, ingénieur du son proche de la retraite, fait des étincelles.
TELERAMA
En 1974, une équipe de la radio suisse en reportage au Portugal tombe par hasard en pleine “révolution des œillets”. Une belle comédie, portée par des acteurs inspirés, Michel Vuillermoz en tête.
Le sujet vaut son pesant d’emmenthal. En avril 1974, trois Suisses sont envoyés au Portugal. Sujet : que font ces braves gens « sous-développés » avec le soutien économique de l’opulente Confédération helvétique ? Des logements, des écoles ? Pas folichon, comme mission. D’autant que, sur place, nos pieds nickelés ont beau sillonner les routes, entassés dans un Combi Volkswagen cent pour cent seventies, ils dénichent peu de preuves de ladite générosité suisse… Or, pendant qu’ils battent la campagne, un événement historique majeur se prépare à leur insu : la révolution des Œillets, qui mettra fin à la dictature salazariste.
De cette quête bringuebalante, de ce « rien » qui débouche sur un heureux bouleversement politique, le réalisateur (suisse) Lionel Baier fait un road movie rythmé, une étude de caractères pleine de vivacité et de tendresse. Un film « d’époque » qui préfère capter l’impact enivrant d’une révolution inattendue plutôt que de se livrer à une reconstitution nostalgique des années 1970. D’ornières en déconvenues, de coups de gueule en gags inventifs (et une scène de comédie musicale), ces héros deviennent plus poétiques, plus attachants. En particulier Cauvin, vétéran de toutes les guerres, hâbleur, vantard et macho, qui se révèle un homme à bout, fêlé par la solitude, fêlé tout court. Dans ce rôle délicat, où le comique se nimbe d’émotion, Michel Vuillermoz est magnifique. En adorable « emmerdeuse » (c’est Cauvin qui le dit), Valérie Donzelli fait des étincelles.