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L ENVOL, Pietro Marcello 2022, Juliette Jouan, Raphaël Thiéry (conte sentimental)@@@

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En 1919, quelque part dans le Nord de la France, Juliette grandit seule avec son père, Raphaël, un soldat rescapé de la Première Guerre mondiale. Passionnée par le chant et la musique, la jeune fille solitaire fait un été la rencontre d'une magicienne qui lui promet que des voiles écarlates viendront un jour l'emmener loin de son village. Juliette ne cessera jamais de croire en la prophétie.

TELERAMA
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, dans un village picard, une jeune femme s’émancipe par le chant. Un conte musical élégant.

Fils de marin napolitain, peintre de formation, cinéaste autodidacte venu du documentaire, amoureux de la pellicule, Pietro Marcello compose des films organiques, quasi vibratoires, à la croisée de toutes ces influences socioculturelles. En 2019, son adaptation très libre et très personnelle de Martin Eden, transposé dans la baie de Naples, offrait au classique de Jack London un souffle inédit. Il est à nouveau question d’émancipation par l’art et de revanche sur la vie dans ce conte musical qui s’inspire lointainement des Voiles écarlates (1923), de l’écrivain soviétique Alexandre Grine (1880-1932). La gracieuse candidate à « l’envol » se prénomme Juliette, comme son interprète, la musicienne Juliette Jouan, qui fait ses débuts au cinéma avec ce rôle où elle donne aussi, merveilleusement, de la voix.

Le père bourru mais aimant est revenu au village après la Grande Guerre (Raphaël Thiéry joue un superbe colosse aux pieds d’argile et aux mains en or, gueule cassée et sculpteur sur bois). Et une drôle de « sorcière » (Noémie Lvovsky, magnifique) veille sur Juliette comme une mère de substitution. Élevée dans une ferme en Picardie, la jeune héroïne est un personnage bien plus moderne et audacieux que ne le laissaient présager les lieux et l’époque. L’imbrication du passé et du présent est, du reste, l’un des charmes du film, de la vie rurale du début du XXe siècle aux sujets d’actualité tels le matriarcat ou le féminicide…

L’hybridation s’invite aussi dans la composition de l’image à proprement parler, où l’on sent encore la patte du peintre. Autant par souci économique et écologique que par goût pour la superposition des couches et des matières, des images d’archives de l’armistice de 1918 dans la baie de Somme ou des plans d’un film de Julien Duvivier de 1930 sont insérés ici ou là. Commencé sous l’égide du Jean Renoir de Partie de campagne, L’Envol s’achève en musique sous les auspices inattendus de Jacques Demy, avec ce prince charmant-aviateur littéralement tombé du ciel incarné par Louis Garrel, deus ex machina d’un film décidément enchanteur.