Jérôme, 35 ans, attaché d'ambassade, se rend près d'Annecy pour vendre la propriété familiale. Il y retrouve une ancienne amie, Aurora, romancière. Elle lui présente son hôtesse, Mme Walter, dont la fille Laura est une jeune lycéenne de 16 ans. Après son départ, Laura clame qu'elle est amoureuse de Jérôme, mais ce dernier va se laisser séduire par son amie Claire, dont il admire les genoux.
TELERAMA
Des jeunes gens, en vacances sur les rives du lac d’Annecy, se tournent autour. Dans le cinquième volet de la série des “Contes moraux”, Rohmer met en scène un brillant badinage.
Juste avant de se marier, Jérôme vient passer quelques jours dans la région d’Annecy, où il rencontre son amie Aurora, une romancière roumaine. Elle lui présente madame Walter et sa fille, Laura. Cette dernière s’entiche de Jérôme, qui, lui, est troublé par une autre jouvencelle, Claire.
Ce brillant badinage est le cinquième film de la série des « Contes moraux ». « Moral » ne signifie pas ici exemplaire, mais fait référence à l’esprit, à la pensée, en opposition à la pure notion de « physique ». Éric Rohmer joue ainsi du contraste entre une nature radieuse (les environs du lac d’Annecy, éblouis de soleil) et les préoccupations exclusivement psychologiques des personnages. Des oisifs raffinés, très civilisés, pour qui le corps exulte avant tout à travers les méandres de l’introspection et du langage. Ainsi, Aurora veut faire de ses amis les protagonistes de son prochain roman, cherche à transformer la chair en papier.
En définitive, le genou de Claire, objet de toutes les convoitises du héros, est une subtile et malicieuse métonymie du désir. Un genou rond et gracieux pour un corps. Une caresse furtive, un effleurement bénin mais incongru pour toute étreinte érotique. Ce huis clos à l’air libre se donne l’apparence d’une toute petite histoire : on y bavarde beaucoup, on y noue quelques intrigues, bref il ne se passe « rien ». Et pourtant, ces fragments d’un discours amoureux composent une extraordinaire étude du désir et de ses détours, de la jouissance verbale, quasi littéraire, qui accompagne toute inclination. Un bijou.