Dog et Mirales sont amis d'enfance. Ils vivent dans un petit village du sud de la France et passent la majeure partie de leurs journées à traîner dans les rues. Pour tuer le temps, Mirales a pris l'habitude de taquiner Dog plus que de raison.
TELERAMA
Deux amis, un tchatcheur et sa tête de turc, trompent l’ennui dans les rues du village. Arrive une jeune fille... Un premier film insolent et gracieux, récompensé du César 2024 du meilleur premier film.
Dog et Mirales tuent le temps, tout le temps. C’est comme si demain n’existait pas pour ces deux amis d’enfance qui traînent dans leur petit village du sud de la France, entre trafics et bières sur canapé. Histoire de s’occuper l’esprit, qu’il a très vif, Mirales n’a de cesse de taquiner Dog, de « casser » ce garçon naïf et impassible. S’il ne l’aimait pas à ce point, on pourrait dire que c’est du harcèlement. Et puis, un jour, une fille débarque dans le village : Elsa et Dog tombent amoureux, et Mirales ne le supporte pas.
Le jeune cinéma français n’a pas fini de nous étonner : ainsi ce tendre et insolent premier long métrage qui, sous la forme d’un drôle de western contemporain, raconte l’amitié d’une grande gueule et de son souffre-douleur dans les ruelles d’une petite commune endormie. Jean-Baptiste Durand, l’auteur-réalisateur, détourne également, avec beaucoup de grâce, les codes du thriller des « quartiers » à travers Mirales. Dealer intégré dans le bourg, cultivé et sensible sous son masque sardonique, il peut, tour à tour, s’attendrir devant un vieux monsieur qui se trompe de signe astrologique au moment d’acheter un jeu d’argent à gratter, disserter sur la littérature romantique, ou humilier encore et toujours son ami lors d’un dîner…
Thématiques du fort et du faible, de la masculinité, et de l’avenir bouché : tous ces sujets sont traités avec une vérité frappante, à coups de détails ordinaires et de dialogues qui respirent l’amour de la langue, classique ou argotique. Aux côtés de Galatéa Bellugi, si douce, Anthony Bajon livre une performance en creux, délicate et humble, laissant exploser le naturel singulier et le bagou hallucinant de son partenaire, Raphaël Quenard. Sorte de Patrick Dewaere qui aurait mariné dans l’encre de Michel Audiard, ce jeune acteur est la plus belle révélation des deux dernières années.