A Biarritz, tard dans la nuit, au détour d'une rue, Hélène croise le chemin de Gilles. Elle conduit une voiture. Il traverse la chaussée. L'accident survient, sans gravité, sans autre conséquence que de réunir, de façon brutale et fortuite, deux mondes éloignés, deux étrangers. Gilles tombe follement amoureux d'elle. Hélène, à la beauté lumineuse mais aux silences gênés, fuit cette passion naissante.
TELERAMA
Dans un Biarritz filmé comme une ville morte, Gilles, épave en devenir, rencontre Hélène, médecin en deuil. Dewaere et Deneuve sont bouleversants.
Dans un Biarritz filmé comme une ville morte, un refuge où il fait bon rater sa vie, Hélène manque d'écraser Gilles. Elle loue un studio face à la mer, travaille comme anesthésiste, cherche en vain à endormir la douleur d'une disparition qui a mis fin à ses années heureuses. Lui est déjà une épave avant même d'avoir rien vécu de consistant. Gilles voit en Hélène la « septième plus belle femme de la ville ». Hélène place en Gilles l'espoir de retrouver un peu de joie de vivre.
Il n'y aura pas de miracle : quand elle aura vaincu ses fantômes pour faire de la place au « vivant », c'est lui qui se dérobera comme une ombre. La réussite artistique du film est à la hauteur de leur échec amoureux. La première collaboration d'André Téchiné et de Catherine Deneuve (ils ont tourné cinq films depuis) a permis à l'actrice, sous-employée par le cinéma français conformiste des années 1970 - en jolie épouse -, de se réinventer durablement : plus indépendante, plus quotidienne, d'une mélancolie abyssale. Son personnage dit d'ailleurs avoir déjà vécu une « première vie ». Quant à Patrick Dewaere, il endossait avec un masochisme bouleversant et funeste son énième rôle de perdant. Hôtel des Amériques est peut-être le plus beau film d'André Téchiné.