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Il travaille toujours dans le même esprit, peignant de grands espaces ouverts, des architectures variées, sur lesquelles ruisselle la lumière dorée de Venise.
Vittore Carpaccio naquit à Venise vers 1465. Son père était fourreur, son patronyme en dialecte vénitien se dit Scarpazza ou Scarpazzo. Pour signer, il utilisait la forme latine : Carpathius d’où dérive l’italien Carpaccio. On ne sait rien de son apprentissage. Il aurait été l’élève des frères Bellini, selon certaines sources. Il semblerait qu’il ait fait le voyage à Rome, dans ses années de jeunesse mais il réside habituellement à Venise.
Sa première œuvre datée est “L’arrivée de Ste Ursule à Cologne“ en 1490. Toute sa vie il déploya une activité intense au service des Scuole (écoles), ces confréries charitables et de bienfaisance qui employaient des artistes dont les commanditaires étaient d’illustres familles patriciennes de Venise. Leurs blasons figurent en bonne place dans les toiles de Carpaccio.
Parmi ses cycles les plus célèbres, citons celui de Saint Jean l’Évangéliste où il rencontra Le Pérugin, appelé à Venise pour peindre la vie de St Jean, puis celui de la scuola di San Giorgio degli Schiavoni où l’on remarque l’influence de la peinture flamande et le fameux cycle de la Légende de Sainte Ursule que nous regarderons ce soir. On peut l’admirer aujourd’hui à la galerie dell’Accademia à Venise. Le cycle comporte huit toiles et un retable. C’est une narration précise et élégante tirée de la Légende dorée de Jacques de Voragine qui oscille constamment entre l’évocation profane des fêtes vénitiennes et l’atmosphère de recueillement intérieur qui dit la vie de l’âme. Carpaccio travailla pendant une décennie à ce magnifique ensemble, entre 1490 et 1500.
Il peignit aussi quelques beaux portraits dont celui des Courtisanes dites aujourd’hui ”Les deux dames vénitiennes” que l’on peut voir au Musée Correr et l’éblouissant portrait d’un chevalier (1510 ) que l’on peut voir à Madrid dans la collection Thyssen-Bornemitza. Puis vers 1510-1520 il peint le cycle de San Stephano.
Après 1515, son invention faiblit Giorgione et Bellini sont morts. Lui-même meurt en 1526. Son oeuvre toute imprégnée des légendes médiévales paraît anachronique. Une nouvelle ère de la peinture s’ouvre avec Le Titien. A la même époque, Memling peint la châsse de Sainte Ursule à Bruges en 1489. Durer est son quasi contemporain (1471-1528).