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mardi 18 juin 2024 - 02h00rech / rep
ferre (leo) - l etranger (chanson fr)(aragon) 1965

ferre (leo) - l etranger (chanson fr)(aragon) 1965
(taille reelle)
Leo FERRE - l'etranger (Aragon) ()


Il existe près des écluses
Un bas quartier de bohémiens
Dont la belle jeunesse s'use
A démêler le tien du mien

Cette chanson sur la solitude et l'amitié possède un fort sous-texte autobiographique. Le locuteur s'adresse à un dénommé Lochu, supposé marin. Ferré développe ici son propos en se basant sur sa rencontre avec le militant anarchiste René Lochu, lors d'une mini-tournée que ce dernier avait organisée en Bretagne lors de l'hiver 1968. Ferré avait été marqué par sa gentillesse et sa générosité. À travers cette figure à la fois réelle et symbolique, Ferré rend hommage au don de soi, qui permet parfois de tisser un lien éphémère entre des hommes « étrangers » les uns aux autres. En accord avec ce thème de l'amitié chaleureuse, le violoniste concertiste Ivry Gitlis, de passage au studio, propose d'improviser sur la musique déjà enregistrée. Léo Ferré et l'ingénieur du son décident alors de superposer ses différentes prises.

Il existe près des écluses
Un bas quartier de bohémiens
Dont la belle jeunesse s'use
A démêler le tien du mien
En bande on s'y rend en voiture,
Ordinairement au mois d'août,
Ils disent la bonne aventure
Pour des piments et du vin doux
On passe la nuit claire à boire
On danse en frappant dans ses mains,
On n'a pas le temps de le croire
Il fait grand jour et c'est demain.
On revient d'une seule traite
Gais, sans un sou, vaguement gris,
Avec des fleurs plein les charrettes
Son destin dans la paume écrit.
J'ai pris la main d'une éphémère
Qui m'a suivi dans ma maison
Elle avait des yeux d'outremer
Elle en montrait la déraison.
Elle avait la marche légère
Et de longues jambes de faon,
J'aimais déjà les étrangères
Quand j'étais un petit enfant!
Celle-ci parla vite vite
De l'odeur des magnolias,
Sa robe tomba tout de suite
Quand ma hâte la délia.
En ce temps-là, j'étais crédule
Un mot m'était promission,
Et je prenais les campanules
Pour des fleurs de la passion
A chaque fois tout recommence
Toute musique me saisit,
Et la plus banale romance
M'est éternelle poésie
Nous avions joué de notre âme
Un long jour, une courte nuit,
Puis au matin: "Bonsoir madame"
L'amour s'achève avec la pluie.

paroles Aragon