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mardi 18 juin 2024 - 04h36rech / rep
frehel - ou est-il donc (chanson fr) (musique du film pepe le moco) 1936

frehel - ou est-il donc (chanson fr) (musique du film pepe le moco) 1936
(taille reelle)
FREHEL - ou est-il donc ? (extrait de Pépé le moco) ()


Où est-il mon Moulin de la Place Blanche ?
Mon tabac et mon bistro du coin ?
Tous les jours étaient pour moi Dimanche !
Où sont-ils les amis, les copains ?

En une scène de quelques minutes, Julien Duvivier parvient à filmer une réalité méconnue, oubliée, que l'on retrouve trop peu dans les films coloniaux : la nostalgie du colon. Loin de l'image d’Épinal du fier soldat qui s'engage dans la Coloniale ou du bel aventurier parti explorer des mondes inconnus, une grande part des colons européens sombraient dans l'ennui, la solitude, l'alcoolisme,
Quand Fréhel enclenche le disque et se met à chanter par dessus sa voix de jeunesse, c'est toute l'aventure coloniale qui est remise en question : La vieille chanteuse ne pleure pas que sa gloire passée, elle pleure son Paris, si loin d'elle : Où est-il donc ? Où est-il mon moulin d'la place blanche ? Où sont-ils les amis, les copains ? Où sont-ils tous mes vieux bals musettes ? Pépé ne dit pas un mot, il écoute. Gabin ne pleure que rarement. Ici, la nostalgie est intérieure, contenue, à l'instar de sa condition de prisonnier de la Casbah.
La scène impose une double lecture : au-delà de la mélancolie coloniale, c'est aussi le passé d'une femme qui coule dans les larmes de Fréhel. La chanteuse interprète quasiment son propre rôle dans ce film de 1937, une ancienne vedette dont il reste une photo et des disques, mais qui n'existe plus que dans le regard d'un marginal. Julien Duvivier n'aurait pu mieux filmer cette scène que par ce gros plan, interminable de douleur.

Y en a qui vous parl’nt de l’Amérique,
Ils ont des visions de cinéma ;
Ils vous dis’nt " Quel pays magnifique "
Notre Paris n’est rien auprès d’ça.
Ces boniments-là rend’nt moins timide,
Bref, l’on y part, un jour de cafard…
Ca f’ra un d’plus qui, le ventre vide,
L’soir à New York cherch’ra un dollar
Au milieu des gueus’s, des proscrits,
Des émigrants aux cœurs meurtris ;
Il pens’ra , regrettant Paris :
R.
Où est-il mon Moulin d’la Plac’ Blanche ?
Mon tabac et mon bistro du coin ?
Tous les jours étaient pour moi Dimanche !
Où sont-ils les amis, les copains ?
Où sont-ils tous mes vieux bals musette ?
Leur javas au son d’l’accordéon ?
Où sont-ils tous mes r’pas sans galette ?
Avec un cornet d’frites à dix ronds
Où sont ils donc ?
2.
D 'antres croyant gagner davantage.
Font des rêves d'or encore plus beaux
Pourquoi risquer un si long voyage
Puisque Paris est plein de gogos ?
On monte une affaire colossale,
Avec l'argent du bon populo,
Mais un jour, crac ...c'est le gros scandale :
Monsieur couch’ra ce soir au dépôt !
Et demain on le conduira
Pour dix années à Nouméa.
Encor un de plus qui dira :
R.
3.
Mais Montmartre semble disparaître
Car hélas de saison en saison
Des Abbesses à la Place du Tertre,
On démolit nos vieilles maisons.
Sur les terrains vagues de la butte
De grandes banques naîtront bientôt,
Où ferez-vous alors vos culbutes,
Vous, les pauvres gosses a Poulbot ?
En regrettant le temps jadis
Nous chant'rons songeant à Salis,
Montmartre ton " De Profundis ! "
R.
Paroliers : Vincent Scotto