Henri Beyle dit STENDHAL - la Chartreuse de Parme (roman) (1839)
Dès que ce ministre fut sorti, une porte secrète introduisit chez le prince le fiscal général Rassi, qui s'avança plié en deux et saluant à chaque pas. La mine de ce coquin-là était à peindre ; elle rendait justice à toute l'infamie de son rôle ; et, tandis que les mouvements rapides et désordonnés de ses yeux trahissaient la connaissance qu'il avait de ses mérites, l'assurance arrogante et grimaçante de sa bouche montrait qu'il savait lutter contre le mépris.
Un lieutenant français dénommé Robert, conte l’arrivée dans Milan des armées de la Révolution, menée par le jeune Bonaparte. Ces armées réveillent, dans un peuple lombard anesthésié par la tutelle autrichienne, un vieux fond héroïque, et sont accueillies avec une gaieté folle par les Milanais dans leur majorité.
Parme est alors sous la régence de Marie-Louise, la seconde épouse de Napoléon Ier, que Stendhal surnomme « a poor woman », et devra à son décès revenir à la Maison de Bourbon-Parme. Par conséquent, le duché ne constitue plus un élément de rivalité entre les grandes puissances et il bénéficie d’une certaine autonomie bien que Marie-Louise ait du mal à maintenir les élans révolutionnaires qui se déclarent dans sa ville, ce qui affaiblit son autorité interne et diplomatique. Stendhal s’est rendu à plusieurs reprises dans la ville qu’il jugeait « assez plate ». Le roman est en bonne partie imaginaire, d’abord par les personnages ainsi que par le décor qui met en scène une citadelle avec une immense tour Farnèse1 En outre, dans les années où se deroule l'histoire, Parme était gouvernée par Marie-Louise de Habsbourg-Lorraine (fille de François II et deuxième épouse de Napoléon I) et non par Ernest-Ranuce IV Farnèse, qui d'ailleurs n'a jamais existé (la dernière des Farnèse ayant épousé le roi Philippe V au début du XVIIIe siècle).
Cette œuvre majeure, qui valut à Stendhal la célébrité, fut publiée en deux volumes en mars 1839, puis refondue en 1841, soit peu avant la mort de Stendhal,
L’œuvre sera, jusqu’au début du xxe siècle, relativement inconnue en dehors de quelques cercles d’esthètes, de critiques littéraires, ou de personnalités visionnaires (Nietzsche), ce que Stendhal semblait appeler de ses vœux, dédicaçant son roman To the Happy Few.