Ramon LLULL - Livre de l'Ami et de l'Aimé (poesie) (1235)
« L’ami demanda à l’entendement et à la volonté lequel des deux était le plus proche de son aimé. Ils se mirent tous deux à courir et ce fut l’entendement qui arriva à son aimé avant la volonté »
— Raymond Lulle. Livre de l'ami et de l'aimé, vers 19
« L’amour éclaira le brouillard qui s’était placé entre l’ami et l’aimé ; et il le rendit aussi brillant et resplendissant que la lune en pleine nuit, que l’étoile à l’aube, que le soleil en plein jour et que l’entendement dans la volonté ; et c’est à travers ce brouillard si brillant que se parlèrent l’ami et l’aimé »
— Raymond Lulle. Livre de l'ami et de l'aimé, vers 118
« Dis, fol, comment peux-tu te rendre le plus semblable à ton aimé ? »
Il répondit :
« En comprenant et en aimant ses attributs de toutes mes forces. »
Le Catalan Ramon Llull (1232 ?-1316) fut le premier en Europe à user de la langue vulgaire. Le Livre de l'Ami et de l'Aimé fait partie du cinquième chapitre des écrits de Blanquerne, écrit à Montpellier entre les années 1283 et 1286.
C'est un livre religieux soumis aux expériences morales du chrétien : l'Aimé est Dieu et l'Ami, l'homme amoureux de Dieu. Cet ouvrage essentiellement métaphysique fut condamné en 1376 par le pape Grégoire XI pour sa nouveauté et la manière ésotérique dont il envisage le rapport direct entre Dieu et sa créature.
Un lecteur qui aborderait les versets de Lulle sans en connaître l'origine et l'intention, pourrait déceler, derrière cette superbe architecture d'extase religieuse, toute l'exaltation de l'amour humain et de l'amour homosexuel tel qu'il était perçu dans l'Antiquité grecque : l'amour absolu, le seul pur et débarrassé des scories imputées à la femme :