Fils du romancier américain Robert Littell, Jonathan Littell, né en 1967, signe à coup sûr le plus traumatisant des romans de la rentrée littéraire 2006. "Les Bienveillantes" (chez Eschyle, des divinités du Mal) est un roman à proprement parler hallucinant, rédigé en français, qui prend à bras le corps un sujet terrifiant : la vie, l'œuvre et la conscience d'un SS ayant pleinement participé à la mise en œuvre du génocide perpétré sur les juifs. Pourquoi ? Chez Maximilien Aue, en suivant l'argument classique des nazis, par simple obéissance. Mais aussi par conviction. Celui qui dit "je" et qui nous parle à travers ses Mémoires est donc un bourreau, comme il en exista bien d'autres. Mais beaucoup plus que ça, Aue se distingue par sa grande complexité : il est un homme de goût, il est un homme torturé par un désir incestueux pour sa sœur, il est un homme d'action, engagés auprès des Einsatzgruppen SS, groupes de soldats chargés de liquider juifs et communistes sur le front de l'Est, il est un homme de réflexion…
Terrifiant par son aptitude à faire affleurer le venin de la réalité, "Les Bienveillantes" est une œuvre de tout premier plan. Un livre de damné.