Victor HUGO - Les Feuilles d'automne (poesie) (1831)
Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte,
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,
Et du premier consul déjà, par maint endroit,
Le front de l'empereur brisait le masque étroit.
Alors dans Besançon, vieille ville espagnole
Jeté comme la graine au gré de l'air qui vole,
Naquit d'un sang breton et lorrain à la fois
Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix;
V Ce qu'on entend sur la montagne
Avez-vous quelquefois, calme et silencieux,
Monté sur la montagne, en présence des cieux ?
Etait-ce au bord du Sund ? aux côtes de Bretagne ?
Aviez-vous l'océan au pied de la montagne ?
Et là, penché sur l'onde et sur l'immensité,
Calme et silencieux, avez-vous écouté ?
XXXV Soleils couchants
J'aime les soirs sereins et beaux, j'aime les soirs,
Soit qu'ils dorent le front des antiques manoirs
Ensevelis dans les feuillages ;
Soit que la brume au loin s'allonge en bancs de feu ;
Soit que mille rayons brisent dans un ciel bleu
A des archipels de nuages.
c'est une suite de poèmes dominés par la mélancolie. Feuilles tombées, feuilles mortes comme toute feuille d'automne. Ce sont des vers sereins de l'intérieur de l'âme, souvenirs de sa mère qui a protégé son enfance chétive (ce siècle avait deux ans), de son père, des âges de la vie (où est le bonheur), des déshérités (ce qu'on entend sur la montagne). Hugo s'attendrit face aux enfants (lorsque l'enfant parait).
Ecrits à vingt-huit ans, les 40 pièces des feuilles d'automne sont une oeuvre de transition. Selon Hugo, ce sont des vers sereins et paisibles, des vers de la famille (avec ses émotions), du foyer domestique, de la vie privée ; des vers de l'intérieur de l'âme.