Devant le palais du roi de Perse, le Conseil et la vieille Reine sont gagnés par l'inquiétude qu'est-il advenu de Xerxès et de son armée, partis soumettre la Grèce en franchissant audacieusement l'Hellespont ? Mais voici un messager, qui s'en vient annoncer l'issue des combats...
Avec Les Perses, Eschyle compose une tragédie unique, et paradoxale : en prise sur l'histoire immédiate, presque sans action, elle se déploie en un somptueux tissu de récits et de plaintes, et la joie du vainqueur y balance subtilement la compassion pour le vaincu.
Cette pièce (Πέρσαι / Pérsai) représentée en 472 fait à l'origine partie d'une tétralogie
Elle relate la bataille de Salamine du point de vue des Perses défaits de Xerxès : la pièce joue donc sur un paradoxe, en relatant une catastrophe ressentie comme triomphe par le public athénien. Il s'agit de la seule tragédie grecque à sujet historique qui ait subsisté.
Eschyle (en grec ancien Αἰσχύλος / Aiskhúlos), né à Éleusis (Attique) vers 526 av. J.-C., mort à Géla (Sicile) en 456 av. J.-C., est le plus ancien des trois grands tragiques grecs. Précédé d'autres tragédiens1, il participe à la naissance du genre grâce à certaines innovations, comme le nombre d'acteurs qu'il porte à deux selon Aristote. Treize fois vainqueur du concours tragique, il est l'auteur d'une centaine de pièces dont sept seulement nous ont été transmises.
Le théâtre d'Eschyle est essentiellement remarqué pour sa force dramatique, la tension, l'angoisse qui habite ses pièces, dont la cohérence se comprend surtout par la progression qui les reliait au sein de trilogies « liées », dont ne subsiste aujourd'hui que l’Orestie. S'il ne développe pas la psychologie des personnages, ses choix lui permettent de mettre en valeur ses conceptions puissantes sur l'équilibre de la cité, le dégoût de l’hybris qui met en danger cet ordre, et le poids de la décision des dieux dans la conduite des affaires humaines, notamment à travers le sort militaire, ou la malédiction familiale (dans le cas de Thèbes et des Atrides notamment).
Sept pièces d'Eschyle seulement nous sont parvenues. Certaines de ses pièces disparues ne sont connues que par leur titre (Iphigénie, Philoctète, Pénélope, Les Mysiens, Les Femmes thraces, Les Salaminiennes), ou parfois par des fragments comme dans le cas de Niobé ou des Myrmidons14. L'existence de certaines autres pièces ne peut être que supposée, par exemple pour le Prométhée délivré et le Prométhée porte-feu qui auraient pu compléter le Prométhée enchaîné dans le cadre d'une trilogie15.