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samedi 05 octobre 2024 - 09h04rech / rep
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Dès ma première sortie, j’ai remporté un vif succès. Les yeux mi-clos, avide de volupté, j’ai soudé mon corps à ceux de tous les petits jeunes gens de la ville ; j’ai insinué, presque inconsciemment, ma cuisse brûlante entre leurs genoux nerveux.
un dimanche après-midi, C’est un grand jeune homme pâle, assez bien habillé, aux traits fins, aux yeux hardis. Il m’a tout de suite remarquée, indifférent, semble-t-il à tous les regards jaloux des autres danseuses. Il m’explique en dansant qu’il est là pour quelques jours, appelé dans cette ville « pour affaires ». Grisée par sa voix chaude et liée à son étreinte souple, je lui réponds à peine, trop occupée à savourer l’intime et délicieux bonheur qui vient de m’envahir. Et lorsqu’il me reconduit à ma place, encore frémissante, un échange de regard suffit à nous faire comprendre que la prochaine danse, de nouveau, nous réunira. Un voluptueux slow, presque aussitôt, fait entendre ses premières mesures. Soudée à mon danseur, je cherche contre sa poitrine, un appui pour ma tête brûlante ; sa bouche effleure mes cheveux, et je sens couler sur ma nuque le souffle un peu rauque de son haleine. Sa main écrase la mienne comme un pauvre petit oiseau captif. À chaque balancement de la danse, son genou pénètre l’étau de mes cuisses consentantes. Et toute ma chair, du haut en bas, tremble au contact de son grand corps robuste.

En sortant du dancing, grisée de volupté, j’aspire l’air frais du dehors comme pour reprendre contact avec l’existence. Le soir, dans ma chambre, je m’apprête avec soin, m’ingéniant à être belle, à plaire par tous les moyens. Je me pare de ma plus belle robe. Sous ma robe, je porte une chemise de soie rose garnie de fines dentelles qui est mon grand orgueil, et une toute petite culotte de jersey de soie qui sangle ma croupe. En me hâtant vers le lieu de notre rencontre, je souris de sentir sur ma peau le soyeux contact de toutes ces jolies choses. La douceur de la chemise légère irrite délicieusement le bout de mes jeunes seins, et mon pantalon, très serré, pénètre à chaque pas entre mes rotondités comme une continuelle caresse.

Que dire de cette soirée ? Qu’elle fut une griserie sans fin. Le plaisir de me trouver assise à côté du bel étranger, de tremper mes lèvres chaudes dans le champagne pétillant qu’il n’avait pas hésité à commander, était rendu plus aigu par les regards jaloux de toutes mes petites camarades, qui suçaient rageusement leurs pippermints en m’épiant du coin de l’œil. Gamine de quinze ans, je suis ce soir une vraie femme, et je n’ai pas une seconde d’hésitation lorsque mon amoureux me propose d’aller prendre un verre à son hôtel.

Sa chambre est vaste, je n’ai d’yeux que pour lui, je suis avec ferveur le moindre de ses gestes. Avec tranquillité, il se débarrasse de son pardessus et de son chapeau, et en souriant, il m’aide à enlever mon manteau. Puis s’asseyant dans un fauteuil, il m’attire à lui et me prend sur ses genoux. Je suis bientôt sur lui comme une poupée brûlante soumise d’avance à tous ses jeux. Mes fesses rondes s’écrasent sur ses genoux. Appuyée contre lui, je meurtris mes seins sur la poitrine offerte. Sa main, presque brutale, me tient par la nuque, conduit mon visage vers le sien. Alors, sauvagement, sa bouche s’empare de la mienne ; j’ai entr’ouvert mes lèvres avides contre lesquelles s’écrase son baiser. Bientôt, sa langue me pénètre, vivante et chaude, et je bois comme une liqueur l’élixir d’amour qu’il me verse. Nos dents se heurtent, comme en un combat délicieux ; je ne demeure pas inactive, et ma langue s’enfonce à son tour dans la bouche de l’aimé, rencontrant la sienne. Elles se nouent, se mêlent ; nous goûtons avec extase cette subtile caresse qui exacerbe nos désirs. Pendant ce temps, sa main a glissé sur mon genou, et je la sens qui pénètre sous ma jupe. Je suis consentante à toutes ses hardiesses ; bientôt, la chaleur de cette main parcourt la peau de mes cuisses blanches. Elle remonte, et déjà je perçois son audacieux contact sur la soie de ma petite culotte, la caresse monte et m’enivre. Elle atteint maintenant le foyer brûlant de mon ardeur, et se niche au creux de mes cuisses, affirmant sa conquête.

J’ai renversé ma tête en arrière, et de ma gorge monte déjà un roucoulement d’amour. Ses doigts agiles, sans relâche, me prodiguent leur griserie. Puis, abandonnant la place, sa main se glisse sous moi, s’insinuant sous ma croupe, entre le linge et la robe. Je suis en quelque sorte assise sur cette main, que je sens palpiter, séparée de mes fesses par le mince écran de mon pantalon. Je perds les sens, et loin de chercher à l’arrêter, j’encourage son amoureuse besogne, me frottant contre l’homme, me soulevant légèrement pour mieux goûter sa caresse. De nouveau, sa bouche se pose sur la mienne. Je suis à demi pâmée, ma tête vide de pensée s’absorbe dans le délire de mes sens.

Alors il se lève, m’enlevant dans ses bras puissants, et il me porte sur son lit. J’ai conscience, brusquement, qu’il va se passer quelque chose de grave, que cet homme va faire de moi une femme. Mais pas une seule seconde ne me vient à l’esprit l’idée de m’y opposer ; il me semble que c’est là l’accomplissement normal, nécessaire, de ce qu’au fond de moi-même j’ai si souvent souhaité.

Je suis là, étendue, livrée d’avance à son plaisir. Il me contemple, avec une flamme étrange dans les yeux, une flamme de désir mêlée de ferveur. Il bride cependant la sauvagerie animale de son instinct ; et c’est avec des précautions infinies, presque dévotieusement, qu’il relève ma robe. J’apparais à ses yeux extasiés dans la blancheur de mon linge ; longuement, il me contemple, admirant le galbe de mes jambes fuselées, gainées de soie, la chair ambrée de mes cuisses que raye le satin noir des jarretelles, la courbe harmonieuse de mon ventre, gonflant comme en une provocation l’étoffe légère de ma culotte. Mon corps de gamine l’ensorcelle, et il boit du regard toutes ces formes déjà pleines, tout le pervers attrait de ce corps de quinze ans.

Doucement, sa tête descend le long de mon corps, et ses lèvres chaudes se posent sur mes cuisses. Ma peau frissonne, happée par cette délicieuse ventouse ; puis il remonte et couvre de baisers pressés mon ventre, par-dessus le pantalon. En même temps, ses mains se sont glissées de nouveau sous mon séant, et nerveusement, me pétrissent les fesses. Je suis folle de plaisir ; plusieurs fois, sa bouche a effleuré le fruit d’amour qui palpite sous le linge. Prise d’un tremblement, parcourue de spasmes, la gorge renversée, je crois entrevoir le ciel parmi les banales moulures du plafond que fixent mes yeux exorbités.

Mon ventre se durcit, mes fesses contractées emprisonnent sa main frôleuse dans leur interstice ; et j’ai l’impression que mon linge intime vient d’être inondé par le flux victorieux de mon plaisir débordant.

l’homme s’est redressé, et il s’est étendu sur mon corps qu’il écrase. Je remarque qu’à présent son souffle est rauque, son visage congestionné, ses yeux brillants de désir. Prenant sa tête entre mes deux mains tremblantes, je le contemple ; revenue soudain au sentiment de la réalité, je me sens un peu effrayée, et mes yeux implorent, légèrement craintifs. Un baiser profond dissipe vite mon angoisse, et ma chair, au paroxysme de la tension, attend la minute précise, l’acte qui la délivrera. Tout en m’embrassant, il a cherché autour de ma taille l’élastique qui retient ma fine culotte ; le linge glisse le long de mes cuisses, libérant mon ventre haletant. Moi-même, je l’aide dans cette besogne, et de mes pieds, je continue de faire glisser le pantalon le long de mes jambes. Je subis déjà sur toute ma chair le contact de son corps nerveux, et je perçois la brûlure de sa virilité triomphante.
Adieu l’enfance, les désirs inassouvis, les rêves lourds d’adolescente vicieuse ! Adieu tout mon passé ! Dans un don de tout moi-même, dans une volonté farouche d’abolir toutes mes angoisses, j’ouvre avec impudeur au mâle triomphant le secret de mon être.

Sous son effort fiévreux, une douleur terrible me traverse et m’arrache un cri déchirant ; il me semble qu’on vient de me percer le ventre ; et que d’ardentes flammes me dévorent. À travers mes yeux brouillés de larmes, je distingue, tendu vers moi, le visage farouche de l’homme en rut. Il se livre tout entier, sans souci de mes plaintes, à la chevauchée triomphante de l’amour. Peu à peu, en moi, la douleur s’atténue, et se fond doucement en une indicible volupté. Frémissante, je suis le rythme bienfaisant ; mes bras enveloppent le corps de mon amant, le soudent au mien ; mes ongles s’enfoncent dans sa chair, ma bouche hurle sous la sienne. Il me semble que mes reins sont entraînés malgré eux dans la danse voluptueuse, et mes hanches roulent avec furie, cherchant à accélérer encore la course au bonheur.

Le fluide du plaisir envahit mon être, coule dans mes veines, annihile mon esprit. Aux cris succèdent de douces plaintes, d’inconscients gémissements. Et soudain, au-dessus de moi, l’homme se redresse : avec un rauque grondement de bête il livre son corps au spasme, inonde mon être, amenant par sa possession la détente de mes nerfs. Je hurle, noyée dans le plaisir et longuement nos corps liés frissonnent, perdus dans un même infini...

... Mon amant me regarde. Les yeux mi-clos, pâmée dans le désordre de mon linge, j’ai le visage d’une pâleur de morte, et mes lèvres demeurent scellées, comme pour garder à jamais en moi les plaintes d’amour qui secouèrent ma gorge.

L’homme contemple avec surprise cette pâleur: pathétique visage d’une gamine de quinze ans qui vient de découvrir la force terrifiante, l’étrange mystère de l’amour...



Cette initiation devait modifier entièrement le cours de mon existence. Mon amant repartit deux jours après, regagnant la capitale, mais il ne partit pas seul. Abandonnant tout, ville natale, parents, travail, je me lançai dans l’inconnu, blottie contre l’homme que j’aimais.
La vie ardente de Paris m’émerveilla. Saisie par le rayonnement de la grande cité, il me sembla trouver là un cadre digne de mes aspirations. Les premiers jours de cette nouvelle existence furent pour moi un enchantement. Mon ami logeait dans un hôtel de Montmartre, où il occupait une chambre sans luxe, mais confortable. J’étais véritablement prise « par la peau », et ne vivais que pour le moment attendu où, dans le silence de notre chambre, la nuit venue, je me livrais à lui avec une folle ardeur. Il m’avait initiée à de subtiles caresses, et j’accédais à tous ses désirs, soumise comme une esclave, désireuse de le satisfaire.







. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Je revis souvent Sergine. J’appris à connaître cette étrange femme qui avait su me faire si bien vibrer. Je me rendis bientôt compte que la blonde lesbienne était une femme dure, autoritaire, et que ses caprices sensuels n’avaient qu’un temps. Je ne fus pas longue à être remplacée auprès de Sergine, et mon chagrin ne sut pas l’attendrir. Toutefois, je faisais encore partie de sa bande ; j’avais déjà participé à un certain nombre d’escroqueries, et je me livrais au trafic des stupéfiants. C’est alors que se produisit un coup de théâtre qui devait me révéler le terrible orgueil de Sergine, et son véritable caractère.

Je venais de prendre part à une assez louche histoire qui avait été éventée par la police. Je risquais dix ans de prison si l’on m’avait découverte. Je demeurai chez moi, morte d’inquiétude, lorsqu’un coup de téléphone de notre chef de bande me convoqua chez elle. La belle fille me reçut assez froidement.
- Ma petite fille, me dit-elle, tu t’es conduit très maladroitement au cours de la dernière affaire, et tu mérites d’être punie. J’ai failli te livrer à la police ; mais j’ai réfléchi, et j’ai trouvé une autre punition qui me sera beaucoup plus utile. Tu vas entrer chez moi en qualité de femme de chambre, que tu le veuilles ou non.

Interdite, je reculai jusqu’au mur.
- Vous rêvez ! balbutiai-je.
- Ma foi non, répliqua en riant la belle Sergine. J’ai toujours rêvé de t’avoir comme soubrette. Je n’ai plus de domestique, et tu feras très bien l’affaire.

Révoltée, je m’avançai, menaçante.
- Je refuse. Et si vous continuez à me menacer de cet infâme chantage, je me plaindrai à la police et je vous dénoncerai !

Du coup, la lesbienne éclata d’un rire insolent.
- Ma pauvre petite, tu dois bien penser que je ne suis pas une enfant, et que tu ne pourrais assembler contre moi aucune preuve valable. Soumets-toi, tu vois bien que je suis la plus forte. Et si tu refuses, je téléphone à la police, et tu n’y coupes pas ; réfléchis !

Je dus me rendre à la raison.

Cette femme redoutable était maîtresse absolue de ma destinée ; et j’avais une telle frayeur de la prison que je m’avouai vaincue. Tête basse, je m’avançai vers Sergine.
- C’est bien, j’accepte, murmurai-je la rage au cœur.

En moi-même, je me disais qu’il me serait facile de m’échapper un jour, et que mieux valait, pour l’instant éviter de provoquer un courroux qui pouvait me perdre. Et puis, j’éprouvais toujours pour Sergine un vague sentiment de respect et d’adoration. Elle m’avait envoûtée.

Avec un regard de triomphe et d’insolent mépris, mon ancienne amie me regarda.
- À partir de maintenant, fit-elle lentement, tu es ma femme de chambre et j’exige de toi un respect profond et une obéissance absolue à tous mes ordres. Tu ne me parleras plus qu’à la troisième personne, et en m’appelant « Mademoiselle ». Tu t’occuperas de ma garde-robe, laveras mon linge, me donneras mon bain, m’habilleras et me déshabilleras. À toute heure de la nuit et du jour, tu devras être à ma disposition. Et maintenant, va à la cuisine, mets un tablier de soubrette et attends que je te sonne. Obéis !

La rage au cœur, je m’exécutai, dominée par cette dangereuse créature. Et mon calvaire commença.

Pendant quatre mois, je fus véritablement l’esclave de Sergine.

Je ne pouvais pas m’échapper car ma maîtresse ne me permettait pas de sortir, et m’enfermait dans l’appartement lorsqu’elle le quittait. Elle ressentait une jouissance morbide à m’humilier, à tout exiger de moi. Bien entendu, elle ne me donnait aucun salaire, et me soumettait à tous ses caprices. Lorsque j’avais commis une faute dans le service, elle me giflait sans ménagements. Elle m’obligeait à exhiber les tenues les plus fantaisistes, et exigeait que je porte sans cesse un corset terriblement serré, qui me broyait la taille et rejetait mes fesses en arrière, avec un impudique épanouissement.

Et cependant, je ne détestais pas mon exigeante maîtresse, et je ressentais même un plaisir obscur à lui donner son bain, à dévêtir son corps de déesse. Une chose, par exemple, me faisait terriblement souffrir ; Sergine ramenait souvent des amies de passage pour satisfaire ses goûts lesbiens ; et elle m’ordonnait de servir avec respect ces femmes que je considérais encore comme des rivales, bien que je n’eus plus aucun droit sur ma patronne.

C’est ainsi qu’éclata le drame qui devait me délivrer. Ce jour-là, énervée par de continuelles réprimandes, j’avais fait à Sergine une réponse insolente, ce qui m’avait valu d’être sévèrement giflée. Mais ma maîtresse méditait une punition plus terrible, plus humiliante.

Elle sortit dans la soirée, et ne revint qu’assez tard, accompagnée d’une femme très jeune et ravissante. L’inconnue, de taille moyenne, avait un visage délicieusement pur, rehaussé d’un savant maquillage. Elle portait un manteau de petit-gris, et une robe élégante de soie noire. Un petit chapeau noir coiffait délicieusement ses cheveux d’ébène.

Les deux amies étaient entrées directement dans la chambre à coucher, et presqu’aussitôt, Sergine me sonna. Je m’avançai dans la pièce où elles étaient assises, riant et fumant des cigarettes. Je demeurais devant elle, immobile, attendant les ordres. Avec insolence, l’inconnue me dévisagea, et envoyant au plafond une volute de fumée bleue, interrogea :
- C’est ta femme de chambre, Sergine ?

Ma maîtresse répondit avec un sourire.
- Oui, si on veut ; c’est plutôt mon esclave ; elle m’appartient entièrement.
- Ah très bien ! reprit l’autre en me regardant toujours. Approchez, ma fille... Tenez ce cendrier devant moi, que je n’aie pas besoin de me déranger !

La honte au front, j’obéis, dominée par le regard dur de Sergine qui me faisait signe de me soumettre.

Cinq minutes durant, je dus demeurer ainsi.

Enfin, ma maîtresse proposa :
- Si nous allions nous coucher ?

Et, me regardant, elle me désigna son invitée :
- Déshabille madame ! Et tâche d’être adroite.

Dédaigneuse, la jolie inconnue se leva, et s’avança vers moi. Alors, dominant ma rage, je dégrafai sa robe somptueuse, et la lui retirai avec mille précautions. La jeune femme était ravissante, moulée dans une courte culotte de soie et de dentelles, les seins pris dans un soutien-gorge de fines mailles d’or. Ses bas arachnéens étaient retenus par des jarretelles de soie bleu pâle qui dépassaient de son petit pantalon. Comme je ne me dépêchais pas suffisamment, elle eût un geste d’impatience :
- Eh bien ! qu’est-ce que vous attendez, voyons ! Et mon pantalon ?

Humiliée, je fis glisser la petite culotte de soie.
- Ma ceinture à présent. Et vivement !

Le ton était sec, cassant, n’admettait point de réplique. Avec une hâte fébrile, je m’attaquai aux jarretelles, égratignant d’une des boucles la peau tendre de la cuisse.
- Dites-donc, vous me faites mal, la boniche !
- Excusez-moi, balbutiai-je, je n’ai pas voulu vous faire mal !

La jolie fille me toisa.
- Vous ne pourriez pas me parler à la troisième personne, non ? Ça vous gênerait ?

À ce moment, Sergine qui assistait à mon humiliation, fît remarquer.
- Tu sais, chérie, tu peux la gifler si elle ne te donne pas satisfaction.
- Ah vraiment ? fit en riant l’inconnue. Eh bien, tiens attrape !

À toute violence, elle me lança deux gifles qui firent vaciller ma tête et me mirent les larmes aux yeux. Mais déjà la jeune femme s’installait dans un fauteuil et me tendait ses pieds.
- Tiens, enlève mes chaussures ! Et tâche d’être plus adroite !

Enfin elle fut nue et se blottit dans les draps de soie du grand lit. Rapidement déshabillée par mes soins, Sergine l’y rejoignit.

Les deux femmes enlacées soudèrent leurs corps et leurs bouches. Le baiser fut long, infini. Avec une rage folle, je contemplais les deux lesbiennes.

Mais l’invitée s’étira soudain avec coquetterie :
- J’ai soif !
- Tu as entendu, toi ? me dit durement Sergine. Madame a soif. Va chercher du champagne et deux coupes !

Je revins bientôt, portant le lourd plateau d’argent. La protégée de Sergine me regardait venir avec un sourire.
- Où dois-je poser ce plateau. Madame ?
- Tu n’as qu’à le tenir pendant que nous boirons, me répliqua Sergine.

Et comme je tendais les coupes aux deux femmes, la nouvelle venue fit remarquer.
- Tu m’as dit que c’était une esclave, Sergine ? Eh bien, une esclave doit servir ses maîtresses à genoux, il me semble. Ne pourrait-elle pas s’agenouiller ?

Ma patronne me fixa de ses yeux froids :
- Tu as entendu ? À genoux !

C’en était trop. Je demeurai immobile, semblant ne pas avoir entendu.
- Il me semble qu’elle n’obéit pas, hein ? murmura l’amie de Sergine. Ma parole, il faudrait une cravache !
- Mais j’en ai une, ma chérie dans cette armoire !
- Alors attends, je vais la dresser, moi, ton esclave !

Sautant lestement à bas du lit, la jeune invitée courut jusqu’au meuble, et en revint en faisant siffler une fine cravache de jonc. Avec adresse, elle m’en cingla les seins deux fois, par dessus mon corsage de soie.
- Allez, à genoux !

La douleur m’arracha un gémissement. Vaincue, je m’écroulai sur les genoux, et me mis à sangloter.

Sans y prendre garde, les deux lesbiennes me firent tenir ainsi une longue demi-heure. Elles buvaient tranquillement, s’interrompant pour s’embrasser sur la bouche ou se lutiner avec des petits rires énervés.

Enfin ma maîtresse me fit signe de me retirer. Mais son amie la retint.
- Comment, tu la congédies ? Mais laisse-là donc auprès de nous cette nuit ! Nous pouvons avoir besoin de ses services !

La belle lesbienne égrena un rire perlé :
- C’est vrai, et puis cela ne lui fera pas de mal de contempler nos amours !

Ivre du plaisir de m’humilier, elle m’ordonna :
- Debout ! Et reste là, au bout du lit ! Ne bouge pas, sinon je t’attache !

Alors, se tournant vers son amie, elle l’enlaça. Pétrifiée d’horreur, de rage et de honte, je contemplais les deux corps noués.

Avec impudeur, et sans doute pour me donner un spectacle plus complet, les tendres amies rejetèrent loin d’elles les couvertures. Une petite lampe brûlait dans un coin de la pièce, jetant une lumière rose sur les corps étendus. Cette chair blanche et délicate, ces mouvements au rythme mélodieux, ces belles gorges pâmées évoquaient les plus beaux poèmes de la Grèce antique. Mais j’étais loin de les admirer. Je dus m’avouer à moi-même que j’étais folle de jalousie. Les deux femmes haletaient, frénétiquement livrées l’une à l’autre. Doucement, Sergine glissa le long du corps de son amie pâmée ; sa tête blonde promena sur les jeunes cuisses la caresse de leurs boucles soyeuses, puis elle se fixa, comme happée au creux des cuisses, par le triangle sombre des voluptés. Sous le baiser précis, la jeune inconnue se raidit, et des hurlements de plaisir s’échappèrent en houles de sa gorge. Elle noua ses longues jambes fines autour du corps de son amie, et fondit bientôt dans le plaisir suprême, les seins agités de longs tressaillements.

Lorsqu’enfin les deux femmes se remirent de leur désordre amoureux, la jeune amie de Sergine jeta sur moi un œil moqueur.
- Eh, l’esclave ! fit-elle soudain, donne-moi mon pantalon, j’ai froid aux cuisses.

Presque machinalement j’obéis à l’ordre, et présentai la fine lingerie.
- Tu ne penses pas que je vais le mettre moi-même, non ? s’exclama la jeune femme. Allez, enfile-le-moi ! Et vite !

Je passai les pieds de la lesbienne dans les jambes de la petite culotte, et je la remontai doucement jusqu’aux cuisses. La femme ne daigna même pas se soulever. Je dus glisser mes mains sous les fesses rondes, et à grand’peine, je parvins enfin à remonter le pantalon jusqu’à la taille. Je sentais une étrange fureur sourdre en moi, et mon visage s’empourpra tout d’un coup.
- C’est commode une esclave, plaisanta la petite. Tu devrais me la prêter, Sergine, je la mettrais volontiers à mon service ! À coups de cravache, elle marcherait droit, je t’assure !

Ces insolences mirent un comble à mon exaspération. En un éclair, ma vraie nature triompha. La petite fille indépendante réapparut, délivrée enfin de cet amour féminin, qui avait failli ruiner ma vie, comme autrefois l’amour de l’homme. En moi ne subsista plus qu’une rage folle, furieuse, et un désir humain de me venger.

Du sang passait devant mes yeux, en voiles rouges et fugitifs. Alors je m’approchai du lit, et de toutes mes forces, je giflai l’insolente. Celle-ci poussa un cri et se redressa furieuse ; mais la colère décuplait mes forces. Je bondis sur le lit, les ongles en avant, et je labourai le visage de la lesbienne, traçant sur la peau fine des sillons sanglants. Sergine voulut intervenir, mais je lui assénai en pleine figure un coup de poing d’une telle violence qu’elle s’évanouit. Ne me possédant plus, je m’emparai de la cravache avec laquelle la jeune inconnue m’avait cinglé si cruellement les seins. Blottie au fond du lit, elle me regardait épouvantée et suppliante... mais l’heure n’était pas à la pitié. J’avais trop souffert. À furieux coups de cravache, j’attaquai ce fragile corps de femme, arrachant à la suppliciée des hurlements d’agonie. Sous les cinglades, je déchirai la petite culotte que je lui avais mise moi-même, j’entamai de coupures profondes les globes purs des seins, je balafrai son visage, lui mettant un œil en sang. Sous la douleur, elle s’évanouit, et son corps, couvert de meurtrissures et de raies sanglantes, s’affaissa sur celui de Sergine inanimée. J’étais vengée.

Il ne me restait plus qu’à m’enfuir avant que mes victimes ne revinssent à elles. Sans scrupules, j’emportai quelques bijoux de prix, du linge et des robes de ma maîtresse, hâtivement jetés dans une valise. J’estimais que ce n’était là que juste paiement des souffrances endurées. Et je m’enfuis, laissant la petite lampe rose éclairer le tragique enlacement des lesbiennes punies...

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Mon destin me reprit. Guérie de l’amour des hommes ; dégoûtée de celui des femmes, j’étais prête pour la grande lutte qui servirait mes ambitions.

Je n’osai pas, cependant, recommencer ma vie galante. Je craignais trop que Sergine, très répandue dans tous les milieux de plaisir, ne retrouvât ma trace, et que sa vengeance fût terrible.

Que faire ? C’est alors que j’eus la sage idée de pénétrer dans les milieux du vrai monde, certaine d’y faire mon chemin. Pour cela, une seule chose m’était possible : m’engager dans une grande maison comme femme de chambre. J’avais appris ce métier à fond durant mon service forcé auprès de Sergine ; et je comptais beaucoup sur mon charme, sur mon expérience déjà lourde pour arriver à mes fins.

Prévoyante, je déposai en lieu sûr les quelques bijoux enlevés qui me constituaient une petite réserve. Et nantie de mon trousseau assez luxueux, de ma frimousse perverse et de mon ambition, je me mis en quête d’une place. J’avais alors dix-huit ans...