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l'art par la musique

HERTER (Albert), le depart - BRASSENS (Georges), mourir pour des idees

(taille reelle)


Depuis tant de "grands soirs" que tant de têtes tombent
Au paradis sur terre, on y serait déjà

Georges BRASSENS - mourir pour des idées

Albert HERTER - le depart des poilus
Bien qu'imposant, ce tableau de 5x12m accroché dans le hall de l'aile gauche de la gare de l'est peut être, à tort, considéré comme une simple toile décorative. Intitulé "Le départ des poilus, août 1914", cette fresque datant de 1926 est l'oeuvre de l'artiste américain Albert Herter en mémoire de son fils, tué au combat, sur le front de Bois-Belleau, dans l’Aisne, en 1918. En y regardant de plus près, on discerne les visages graves des soldats partant au combat et les femmes en larmes au premier plan sur le quai. La toile a été offerte à la compagnie des Chemins de Fer de l'Est par l'auteur du tableau. Au cours du 20ème siècle, cette dernière a été plusieurs fois déplacée, au gré des modifications de la gare, ce qui créa de nombreuses protestations de la part des Parisiens, surtout des anciens combattants.

Illustration musicale: Georges BRASSENS - mourir pour des idees
Brassens, né il y a exactement 100 ans aujourd'hui, traite dans cette chanson de l'absurdité du fanatisme sur un ton désinvolte. La chanson illustre la face anarchiste et antimilitariste de l'auteur, ainsi que sa défiance envers toute idéologie. C'est une de ses rares chansons de nature fortement politique.

Mourir pour des idées L'idée est excellente
Moi j'ai failli mourir de ne l'avoir pas eue
Car tous ceux qui l'avaient Multitude accablante
En hurlant à la mort me sont tombés dessus

Ils ont su me convaincre Et ma muse insolente
Abjurant ses erreurs se rallie à leur foi
Avec un soupçon de réserve toutefois
Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente

Jugeant qu'il n'y a pas Péril en la demeure
Allons vers l'autre monde en flânant en chemin
Car, à forcer l'allure Il arrive qu'on meure
Pour des idées n'ayant plus cours le lendemain

Or, s'il est une chose Amère, désolante
En rendant l'âme à Dieu, c'est bien de constater
Qu'on a fait fausse route, qu'on s'est trompé d'idée
Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente

Les Saint Jean bouche d'or Qui prêchent le martyre
Le plus souvent d'ailleurs, s'attardent ici-bas
Mourir pour des idées C'est le cas de le dire
C'est leur raison de vivre, ils ne s'en privent pas

Dans presque tous les camps On en voit qui supplantent
Bientôt Mathusalem dans la longévité
J'en conclus qu'ils doivent se dire
En aparté, "mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente"

Des idées réclamant Le fameux sacrifice
Les sectes de tout poil en offrent des séquelles
Et la question se pose Aux victimes novices
Mourir pour des idées, c'est bien beau mais lesquelles?

Et comme toutes sont entre elles ressemblantes
Quand il les voit venir Avec leur gros drapeau
Le sage, en hésitant Tourne autour du tombeau,
"mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente"

Encore s'il suffisait De quelques hécatombes
Pour qu'enfin tout changeât, qu'enfin tout s'arrangeât
Depuis tant de "grands soirs" que tant de têtes tombent
Au paradis sur terre, on y serait déjà

Mais l'âge d'or sans cesse Est remis aux calendes
Les Dieux ont toujours soif, n'en ont jamais assez
Et c'est la mort, la mort Toujours recommencée,
mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente

Ô vous, les boutefeux Ô vous les bons apôtres
Mourez donc les premiers, nous vous cédons le pas
Mais de grâce, morbleu Laissez vivre les autres
La vie est à peu près leur seul luxe ici-bas

Car, enfin, la Camarde Est assez vigilante
Elle n'a pas besoin qu'on lui tienne la faux
Plus de danse macabre Autour des échafauds,
mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente