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gary
La Promesse de l’Aube a beau être l’autobiographie, largement romancée, de Romain Gary, c’est un livre comparable à tous ceux qu’il a pu écrire par ailleurs. Comme tous les autres, il nous en apprend un peu plus sur l’homme Gary. Et comme eux, il nous en dit autant sur nous tous, nous rappelant cette fois, à travers la relation qui a lié l’auteur à sa mère, combien nous sommes irrémédiablement conditionnés par les attentes nos parents à notre égard.
Le premier atout de La Promesse de l’Aube, c'est qu'il s'agit d'une véritable histoire, du genre à accrocher et à interpeller un public large (Jules Dassin en fit sans mal une adaptation cinéma), celle d'un petit métèque immigré à Nice depuis l’Europe de l’Est et qui, sous l’impulsion d’une mère possessive, frustrée, mais pleine de ressources, rejoindra la France Libre, y risquera sa vie, s’y fera distinguer par le Général de Gaulle, deviendra un grand écrivain et trouvera la gloire qui lui était promise à l’aube de sa vie.

On y trouve une intrigue avec des mystères, du suspense et une chute tragique, un cadre dramatique, celui de la montée du fascisme et de la Seconde Guerre Mondiale, de l’aventure et des péripéties, et même une pointe de mélo, avec le récit de cet amour absolu et vouée à mal se terminer, avec l'histoire de ce petit garçon qui, tel le vilain petit canard, connaîtra finalement la gloire malgré les préjugés ou la pauvreté. Il y a encore et toujours le style de l’auteur, son sens de l’aphorisme, du paradoxe, et de l’aphorisme paradoxal ; son tragi-comique, cette manière de parler avec cynisme, humour et ironie de choses personnelles et tragiques.

Enfin, nous y trouvons un éclairage sur l’auteur, et de manière encore plus patente que dans ses autres livres, puisque c’est lui-même qu’il met cette fois en scène, puisqu’il nous raconte comment a été façonné Romain Gary, le gaulliste et le résistant, le diplomate et l’écrivain. Parce qu’il nous relate les expériences exceptionnelles qui l’ont forgé : la Guerre et la xénophobie ; un père absent et inconnu ; un face à face exclusif avec sa génitrice, aimante mais étouffante, caricature de la mère juive ; une vie d’errance où le seul point d’ancrage est l’image fantasmée d’une France fière, généreuse et éternelle.